Bien que la France ne cultive pas une tradition d’émigration, la population établie à l’étranger a augmenté de façon régulière depuis ces dix dernières années. Ainsi, entre 1995 et 2006, les inscriptions auprès des consulats ont grimpé de façon continue à un taux moyen de 3,9% par an.
C’est ce que révèle le rapport du Conseil économique, social et environnemental publié en janvier 2009. L’expatriation serait davantage le fruit d’une motivation personnelle ou professionnelle que celui d’une nécessité sociale ou politique. S’ajoute à cela le fait que les profils se diversifient de plus en plus, avec une nouvelle tendance : une féminisation accrue de l’expatriation.
Ne représentant que 37% de cette population il y a encore 20 ans, elles sont désormais majoritaires dans les communautés françaises d’Europe occidentale (53%) et d’Amérique du Nord. Elles sont également de plus en plus nombreuses en Afrique francophone (46% en 2006), en Asie Océanie (44% en 2006), et en Europe de l’Est (43% en 2006). Parmi ces femmes expatriées, il faut néanmoins signaler que beaucoup d’entre elles font partie des binationaux, majoritaires dans les expatriés puisqu’ils constituent 47% des Français installés à l’étranger. C’est ce que révèle l’enquête sur l’expatriation des Français réalisée en 2008 par la MFE (Maison des Français de l’Etranger).
On observe également que les femmes jeunes s’expatrient davantage, puisqu’elles constituent 41,1% des moins de 25 ans et 43,3% de la tranche d’âge des 25/39 ans. En revanche, elles ne représentent plus que 35% des 40-60 ans. Souvent les jeunes femmes s’expatrient pour quelques mois dans le cadre de leurs études -programmes d’échange ou stages en fin de cursus-, ou pour élargir leur horizon culturel, ou encore pour apprendre une langue étrangère.
L’augmentation du nombre de femmes expatriées n’est pas passé inaperçu. Un guide « Femmes Françaises à l’étranger » a été créé par la mission éponyme dépendant du Ministère des Affaires étrangères.
Objectif : les sensibiliser à la complexité des situations à l’étranger et les mettre en garde sur de nombreuses thématiques d’ordre pratique. On trouve dans ce guide des renseignements sur les questions de statut personnel et familial mais également en matière d’assistance, en étroite relation avec le réseau diplomatique et consulaire français à l’étranger.
Attention toutefois, s’il est vrai que de nombreuses jeunes femmes s’expatrient, les hommes restent majoritaires : les expatriés du sexe masculin représentent 66,2% des Français établis à l’étranger, comme le révèle la MFE. 54,5% des femmes résident à l’étranger dans le cadre de leur travail contre 66,3% des expatriés de sexe masculin. Elles demeurent en revanche majoritaires dans le cadre d’une expatriation pour raisons familiales (56,6%), par exemple pour suivre leur conjoint muté à l’étranger.
Pas d’eldorado ou d’égalité salariale pour les femmes lorsqu’elles s’exportent à l’étranger. La proportion de femmes diminue plus on grimpe sur l’échelle salariale. Si elles représentent une large majorité (59,8%) des actifs disposant de moins de 15000 euros par an, elles ne sont plus que 34,4% de ceux qui gagnent entre 30 000 et 60 000 euros. En ce qui concerne les revenus les plus élevés, 17,2% seulement dépassent les 60 000 euros annuels. Autant dire qu’elles sont encore trop peu dans les postes à haute responsabilité.
Sarah Belhadi
Chiffres tirés de l’enquête de la MFE sur l’expatriation des Français en 2008 et du Rapport Cariot Conseil économique, social et environnemental, 2009
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