« Je le jure devant Dieu, le diable qui est en moi me demande d'enlever une de mes chaussures et de vous la jeter. Mais lorsque je les regarde, ma chaussure et vous, je me dis vraiment que vous n'en valait pas la peine », a asséné, dans l'enceinte du Parlement turc mardi 12 août, Aylin Nazliaka, à une partie de l'hémicycle. Motif de l'ire de l'élue du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) : les discriminations contre les femmes régulièrement pratiquées par les membres du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir dans le pays. Une déclaration faite en marge d'un débat sur une proposition de loi sur les violences conjugales.
En guise de soutien à la parlementaire, des femmes turques ont inondé les réseaux sociaux de clichés de chaussures. Sandales, escarpins, talons, tout y est passé. Des photographies réunies sous le hashtag (mot-dièse pour les anglophobes) #geliyorterlik ou « la pantoufle arrive », en Français dans le texte. Loin de s'apparenter à une coquetterie, la démarche de ces internautes engagées revêt une forte portée symbolique. « Dans le monde musulman, jeter une chaussure à quelqu'un ou simplement lui montrer sa semelle est considéré comme une des pires insultes », rappelle Le Figaro.
#geliyorterlik Go Turkish Women! pic.Twitter.com/uRY0VOaiX3
— A. Stupkiewicz Turek (@STAgnieszka) August 14, 2014
#geliyorterlik czyli co buty maj? wspólnego z przemoc? domow?? #StopPrzemocy pic.Twitter.com/SGNuBJW3Ng
— Wanda Nowicka (@WandaNowicka) August 14, 2014
#geliyorterlik biz kadinlar olarak yeter art?k diyoruz bi @ETemelkuran @AylinNazliaka pic.Twitter.com/38K1PcWSe0
— özden karadaban (@mirinarch) August 13, 2014
Cet épisode est non sans rappeler une autre récente campagne de lutte contre le sexisme en Turquie. A l'origine de la polémique, les propos du vice-Premier ministre, Bülent Arinç, éminent membre du parti islamo-conservateur qui avait fortement conseillé aux femmes de ne pas rire à gorge déployée au nom de la « décence ». Résultat : des milliers de femmes avaient stimulé leurs zygomatiques et affichées leurs plus beaux sourires, notamment sur Twitter, via le hashtag #direnkahkaha.
Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003 et élu président pour cinq ans dimanche dernier, et sa majorité de l'AKP sont régulièrement accusés de vouloir restreindre les droits des femmes dans le pays.