La situation au Nord Mali est de plus en plus inquiétante, notamment pour les femmes qui subissent l’application rigoureuse de la charia (loi islamique). Cette région est occupée depuis six mois par des groupes islamistes armés : Mujao, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou Ansar Dine (les Défenseurs de l’Islam) et vit depuis sous le régime de la terreur. Jeudi dernier, le Conseil de Sécurité de l’ONU donnait son feu vert pour le déploiement d’une force armée internationale dirigée contre ces groupes religieux terroristes. Celle-ci serait dirigée par les Africains et appuyée par les occidentaux et pourrait intervenir dans le courant de l’année 2013. Une très bonne nouvelle pour les diplomates maliens, qui craignent plus que tout la partition du pays, mais qui pourrait s'avérer dangereuse pour les femmes de la population civile du Nord Mali.
En novembre, un groupe de Maliennes, dont l’ancienne ministre de la Culture Aminata Traoré, s’unissait pour s’opposer à une telle résolution, estimant qu’une intervention militaire aurait de graves conséquences sur les femmes : premières victimes de viols dans les zones occupées, viols qui se multiplieraient à cause de l’augmentation du nombre de soldats. Au lendemain de l’annonce du conseil de sécurité de l’ONU sur une éventuelle intervention armée, les islamistes répondaient par la provocation : deux voleurs présumés se sont ainsi fait amputer les mains à Gao (nord-est), comme le veut la loi islamique. « En application de la charia, nous avons coupé la main de deux personnes vendredi. Huit autres personnes vont bientôt connaître le même sort. C’est la loi de d’Allah et personne ne peut nous empêcher de l’appliquer», a déclaré à l’AFP Moctar Barry, un des chefs du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Des femmes non-voilées auraient également été arrêtées chez elles.
Les femmes du Nord-Mali sont actuellement soumises au règlement strict de la charia : elles ont l’interdiction de sortir seules et doivent être intégralement voilées, elles ne peuvent pas écouter de musique ni aller sur Internet, et les filles ne sont plus autorisées à aller à l’école. Les couples adultères se font lapider : en juillet dernier à Aguelhok (nord-est), un homme et une femme ont été lapidés publiquement par des membres du groupe Ansar Dine parce qu’ils avaient eu des enfants sans être mariés. Face à cette violence, l’association NEGAR, qui soutient les femmes afghanes, a publié une tribune dans le Huffington post, appelant à la rédaction d’une Charte des droits fondamentaux des femmes maliennes, à l’image de celle qui avait été signée en 2002 par la plupart des responsables politiques afghans. Les signataires de la tribune estiment que le moment est propice pour que les femmes s’invitent dans les négociations : « Au moment où la communauté internationale envisage une future opération militaire, réclamée par le peuple du Nord Mali, tout en privilégiant également la voix de la négociation avec les groupes armés qu'ils soient islamistes ou non, il serait important que les femmes maliennes se saisissent de cette Charte, la fassent revivre pour être sûres que ces droits ne seront pas sacrifiés à l'aune de telle ou telle négociation qui apporterait une "soi disant" paix. »
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