Malgré les progrès réalisés en matière de parité au travail, les stéréotypes de genre continuent d'entraver la carrière des femmes qui souhaitent accéder aux postes à responsabilités. C'est ce que met en lumière la récente étude réalisée par Randstad.
Pour la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, le groupe spécialisé dans les solutions RH et l'intérim a dévoilé une vaste enquête réalisée en ligne auprès de salarié.e.s de 33 pays pour savoir s'ils préféraient être managés par une femme ou par un homme.
En France, la réponse est sans appel : 67% des hommes et 61% des femmes préfèrent avoir un homme plutôt qu'une femme pour responsable hiérarchique. En cause, selon Aline Crépin, directrice de la R.S.E. du groupe Randstad France : les stéréotypes qui empêchent encore aujourd'hui les femmes d'accéder à des postes à responsabilités. Un bon manager doit faire preuve d'autorité naturelle et de leadership, se montrer pugnace et offensif. Or, ces attributs sont davantage considérés comme des qualités masculines. "La préférence marquée des salariés français pour un manager masculin reflète particulièrement bien les stéréotypes dont souffrent les femmes sur les postes de management, analyse Aline Crépin. Ces résultats sont bien sûr à mettre en perspective avec le faible nombre de femmes managers et avec le fait que, historiquement, les femmes accédant à des postes de manager, empruntaient naturellement les codes de management dits 'masculin'. Ceci peut expliquer pourquoi, aujourd'hui, dans nos mentalités, les stéréotypes perdurent et que les salariés préfèrent un manager homme, qu'ils ont davantage l'occasion de voir à l'oeuvre."
La France n'est pas le seul pays où les stéréotypes freinent la carrière des femmes. Au Japon, où l'étude Randstad a aussi interrogé des employés, 91% des hommes et 77% des femmes préfèrent avoir un homme comme responsable direct. La Grèce, la Malaisie, Hong Kong ou encore Singapour n'envisagent pas non plus de laisser des postes de managers aux femmes. Les salarié.e.s d'autres pays, en revanche, se montrent bien plus favorables à l'idée d'être dirigé.e.s par une femme. C'est notamment le cas des employés suédois : 44% d'entre eux préféreraient être managés par une femme. Suivent le Brésil, le Chili, l'Espagne ou encore le Portugal. En Inde, 59% des femmes interrogées préfèrent avoir une femme comme manager. Elles sont 57% en Espagne, 55% aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et au Danemark.
Comment expliquer que les femmes peinent tant à convaincre quand elles sont dans le siège du manager ? D'autres travaux ont déjà pointé les difficultés que les femmes peuvent rencontrer quand elles se targuent d'occuper des postes à responsabilités. En 2015, une étude menée par le cabinet de formation VitalSmarts montrait que les femmes se montrant autoritaires au travail étaient jugées moins compétentes. "Parler de manière énergique et affirmée est particulièrement risqué pour les femmes, expliquait l'auteur de l'étude Joseph Grenny. Il existe une inégalité devant les émotions qui punit davantage les femmes que les hommes." Pourquoi ? "Parce que les femmes se doivent d'être conformes aux stéréotypes culturels qui les cataloguent comme bienveillantes et nourricières... À degré de confiance en soi équivalent, les femmes sont jugées bien plus sévèrement que les hommes."
Une autre étude, cette fois-ci publiée dans le Personality and Social Psychologie Bulletin en juillet 2015 affirmait que les hommes se sentaient attaqués dans leur virilité quand ils avaient à faire à une femme manager. Voilà qui explique probablement pourquoi il y a si peu de femmes à des postes à responsabilités.