Depuis quelques semaines, le Prince Harry et Meghan Markle sont au coeur des conversations outre-Manche. Le duc et la duchesse de Sussex, mariés en mai 2018 et parents d'un petit Archie depuis le 6 mai 2019, ont décidé de prendre de la distance avec la famille royale. Avec l'accord de la reine tombé le 18 janvier, ils s'installeront partiellement au Canada, renonceront à leurs titres d'Altesses Royales et s'engageront à rembourser les coûts de la rénovation de leur maison de Frogmore Cottage, financés par le contribuable à hauteur de 2,4 millions de livres sterling (2,7 millions d'euros). Un revirement inattendu pour beaucoup, mais qui n'étonne guerre plusieurs députées du Labour Party, la gauche travailliste britannique menée par Jeremy Corbyn.
Selon Rebecca Long-Bailey, la raison de leur départ - baptisé "Megxit" par la presse people en référence au Brexit - ne reflète pas seulement une simple envie d'indépendance, mais bien une fuite face au "traitement intrusif et raciste de la presse de droite". "Les femmes de couleur dans la vie publique sont victimes d'intimidation, de harcèlement, d'irrespect et de diffamation - et on attend d'elles qu'elles soient reconnaissantes de recevoir de l'attention", assure la membre du Parlement au Guardian.
Car depuis l'annonce de ses fiançailles avec le Prince Harry, Meghan Markle est en proie à une traque incessante des paparazzi, et à des critiques permanentes d'une partie de la population. Tous ses faits et gestes sont étudiés. Un traitement que la politicienne compare à celui de la secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Diane Abbott. "Sa litanie d'accomplissements révolutionnaires - une fille de soudeur qui a réussi à se rendre à Cambridge, devenant la première femme noire à la Chambre des communes - est régulièrement ignorée", explique-t-elle. "Et cela a des conséquences. Diane a reçu plus de la moitié de tous les abus infligés aux député.es, y compris des menaces de mort contre elle et sa famille". Elle scande : "La combinaison toxique de sexisme et de racisme qui sévit dans la presse de droite doit être arrêtée."
Dawn Butler, la secrétaire d'État à la condition féminine et à l'égalité des chances et candidate à la vice-présidence du Labour Party, déplore elle aussi la façon dont la presse et une partie du pays se sont attaquées à Meghan Markle. Elle indique ainsi que le traitement de la duchesse de Sussex "montre exactement pourquoi nous devons avoir une discussion sur la race". Elle ajoute : "En tant que femme noire fière, je ne suis pas surprise que Meghan ait choisi la tranquillité d'esprit plutôt que de souffrir du racisme au quotidien".
Des propos secondés par Jess Phillips, autre candidate à la direction du parti, qui qualifie la couverture médiatique de raciste et de xénophobe. "Elle a été traitée comme une arriviste étrangère - pas assez britannique", peut-on lire dans les colonnes du média britannique.
Cet acharnement rappelle tristement celui dont était victime Lady Diana, comme l'évoquait le duc de Sussex lors d'une interview pour The Guardian : "J'ai perdu ma mère et maintenant je vois ma femme devenir la victime des mêmes forces puissantes", s'agaçait-il en visant la presse à scandale. "C'est du harcèlement pur et dur".
Aujourd'hui au Canada, le couple ose enfin envisager vivre en paix. Un espoir qui devra attendre, puisque le 20 janvier, Meghan Markle a été une nouvelle fois photographiée, alors qu'elle se baladait en forêt avec son fils. Des clichés qui ont déclenché une horde de commentaires négatifs honteux, notamment sur le fait que la bretelle du porte-bébé dans lequel se trouvait Archie tombait légèrement de l'épaule de sa mère. Les avocats de Harry et Meghan ont lancé un avertissement aux paparazzi, les photos ayant été prises illégalement, sans son consentement et depuis une planque dans les buissons.