Le cliffhanger de la saison 2 nous avait laissé·e·s bouche bée. Et après deux longues années d'attente, la famille Roy n'a pas déçu. Fidèle à sa (brillante) tradition, Succession a délivré son lot de dialogues ciselés, de face-à-face fulgurants, de répliques instantanément cultes, d'alliances et de trahisons.
Mais ce qui aura surtout frappé dans cette nouvelle livraison, ce sont les ruptures de rythme, ces regards et ces silences lourds après les fracas, ces huis clos étouffants. La chute de Kendall- s'apparentant à un supplice chinois- aura apporté une profondeur inédite à la série, creusant un sillon toujours plus tragique durant ces neuf épisodes d'une précision chirurgicale. Le jeu de massacre aura été particulièrement douloureux cette année, trouvant son apogée dans un final aussi brutal que magistral.
Succession s'est repointée en cette fin d'année pour nous assener l'évidence sous forme d'uppercut : elle a une fois encore plié le game.
Disponible en France sur OCS
Passée bizarrement inaperçue, l'incursion de Luca Guadagnino dans le paysage sériel aura pourtant été une très belle surprise. Suivant le débarquement d'un teenager excentrique et de ses deux mères dans une base militaire américaine plantée au coeur de l'Italie, le réalisateur de Call Me By Your Name a signé une fresque solaire et contemplative sur les tourments de l'adolescence, sur sa soif de liberté et ses errances, captant les pulsations de vie, les colères rentrées et les turbulences, les corps qui se découvrent, les désirs qui montent ou se fracassent. Ode à cet âge des possibles aussi vibrant que spleenétique, We Are Who We Are parle peu mais raconte tant.
Disponible en France sur Starzplay
Suite au décevant The Haunting of Bly Manor (2020), on s'interrogeait : Mike Flanagan allait-il parvenir à de nouveau nous vriller le coeur comme en 2018 avec son splendide The Haunting of Hill House ? La réponse est oui. Le showrunneur nous a pris au collet dès le premier épisode de Sermons de minuit, huis clos insulaire où s'entrelacent folk horror, réflexions métaphysiques et mélancolie introspective.
Une mini-série baroque qui avait tout pour tourner au pastiche fantastico-kitsch. Au lieu de cela, Flanagan a fait de son immersion au coeur d'une communauté paumée en proie à une crise mystique une oeuvre infiniment personnelle, nous plongeant dans des abîmes de noirceur et de douleur. En prime, Sermons de minuit a donné à voir l'une des plus belles performances de l'année en mettant en scène Hamish Linklater en prêtre charismatique et inquiétant. C'est beau, flippant et on en sort bouleversé·e·s.
Disponible en France sur Netflix
Elles n'ont pas démérité : The White Lotus, Maid, En Thérapie.
La vie, la cavale et les multiples crimes de Charles Sobhraj sont retracés dans cette création en 8 chapitres diffusée sur Netflix en début d'année. Dans le rôle-titre, un Tahar Rahim aussi impressionnant que terrifiant, qui retranscrit à merveille le calme menaçant que semblait dégager le meurtrier.
A ses côtés, l'Anglaise Jenna Coleman prête ses traits à la Québécoise Monique alias Marie-Andrée Leclerc, sa compagne. Malgré un accent raté, rendant ses répliques en français difficilement intelligibles, l'actrice parvient à semer le doute, d'un épisode à l'autre, sur les raisons qui poussent son personnage à s'investir dans la mission macabre de celui qu'elle aime. Complice ou victime ? On s'interroge encore.
Tout au long du show, on plonge dans le Bangkok des années 70, entre soirées hippies funestes et traque policière fidèle à la réalité. Captivant, aussi bien d'un point de vue scénaristique que visuel.
Disponible en France sur Netflix
Difficile de rempiler pour une troisième saison et de ne pas se prendre les pieds dans le tapis, ô si traitre, d'une envie de poursuivre une série qui aurait mieux fait d'en rester là. Pourtant, c'est la prouesse que réussit Sex Education, toujours aussi impeccable de finesse, d'humour, de développement de ses protagonistes qu'à ses débuts.
Cette année, et on le sait dès la fin de la saison 2, Jean Milburn (Gillian Anderson) est enceinte, Otis (Asa Butterfield) et Maeve (Emma Mackey) se sont loupés, Eric (Ncuti Gatwa) expérimente sa sexualité, Ola (Patricia Allison) et Lily (Tanya Reynolds) ont des problèmes de communication. Et nous, on savoure du fond de notre plaid, sourire tendre aux lèvres, une écriture qui nous fait toujours vibrer, rire, pleurer. Bienvenue à Moordale.
Disponible en France sur Netflix
Nous sommes en 1963 et pour la première fois, le lycée Voltaire jusque-là réservé aux garçons accueillera quelques filles en classe de seconde. Parmi elles, Michèle Magnan (Léonie Souchaud), dont le frère est en terminale dans le même établissement, Annick Sabiani (Lula Cotton-Frapier) et Simone Palladino (Anouk Villemin).
Sexisme systémique, préjugés violents, injustices, les élèves feront face à tout ce que l'Education nationale et la société de l'époque avaient de révoltant (dont certains aspects persistent encore aujourd'hui), sans oublier quelques amours adolescentes qui feront tout le charme de ce programme. On a binge-watché, et on en redemande.
Disponible en France sur Prime Video