C'est parce qu'elle a entendu trop d'histoires sordides de revenge porn que Lizzie Marvelly a eu l'idée de lancer le projet My Body My Terms. Chanteuse mais aussi éditrice du site Villainesse, cette Néo-Zélandaise raconte à Bustle.com : "Je n'arrêtais pas d'entendre parler de nouveaux cas de revenge porn, mais quand c'est finalement arrivé à quelqu'un que je connaissais – qui s'est retrouvée avec des photos d'elle nue sur Internet- j'ai eu un moment où je me suis dit : 'ça suffit !' Le revenge porn n'est qu'une petite partie d'un plus gros problème culturel. Pour moi, ça faisait sens d'ouvrir une conversation sur le sexe, le consentement, les violences sexuelles et la culpabilisation des victimes".
Pour combattre ce gros problème culturel, Lizzie Marvelly a donc lancé le projet photo My Body My Terms. Pour elle, des figures publiques (avocate, actrice, comédien) et des personnes ordinaires ont accepté de se déshabiller devant l'objectif pour faire passer un message important : combattre les violences sexuelles passe avant tout par la réappropriation de son corps. Le message est fort et la campagne est donc rapidement devenue virale. La vidéo du shooting a ainsi été vue plus de 300 000 fois sur YouTube, et sur les réseaux sociaux, les inconnus sont nombreux à se joindre au mouvement.
Bien sûr, la campagne lancée par Lizzie Marvelly ne suffira pas à elle seule à changer les mentalités – mais elle n'en reste pas moins très importante. Car si on parle beaucoup des ravages des agressions sexuelles en Inde ou sur le continent africain, on sait moins que la Nouvelle-Zélande arrive troisième dans la catégorie des pays les plus touchés par ce fléau (ex-aequo avec l'Australie). En l'espace d'une année, le nombre d'agressions sexuelles a fait un bond de 15% (passant de 3 016 en 2010 à 3 466 en 2011) et selon une étude, 1 femme néo-zélandaise sur 5 subira des violences sexuelles au cours de sa vie.
En 2013, une sordide affaire avait mis en lumière le gros problème de la culture du viol dans le pays. Pendant plusieurs années, un groupe de jeunes hommes basés à Auckland et surnommés les Roast Busters ont ainsi violé en groupe plusieurs adolescentes mineures. A chaque fois, les jeunes gens faisaient boire leurs victimes, puis les violaient avant de poster les vidéos sur Facebook. Plusieurs fois alertée, la police locale n'a jamais donné suite aux plaintes des jeunes filles. Selon l'une d'entre elles, un officier lui aurait même répondu "qu'elle n'avait pas assez de preuves car les vêtements qu'elle portait à ce moment-là montraient bien qu'elle ne demandait que ça". Alerté, le ministre de la Police a fini par ordonner une enquête en interne. Deux ans plus tard, l'affaire suit toujours son cours. Preuve qu'en Nouvelle-Zélande, une campagne comme My Body My Terms servira peut-être à faire évoluer les mentalités...