Nathalie Wright : Il s’agit d’un hasard ! J’ai démarré chez Digital, une entreprise relativement en avance sur son temps sur les pratiques de management et sur les outils. J’y exerçais des fonctions financières avant d’avoir de plus en plus de responsabilités. J’ai eu la chance de débuter dans un environnement innovant et idéal pour exprimer mon potentiel et avancer. Ma première expérience professionnelle a été fondamentale. Par la suite, j’ai été vigilante tout au long de ma carrière sur le type d’entreprise choisi. J’ai toujours opté pour des structures qui avaient des valeurs en adéquation avec les miennes et ai sans cesse cherché à trouver un sens à ce que je fais. J’ai une vraie prédilection pour les modèles de fonctionnement anglo-saxons et suis vigilante à m’investir dans des projets de transformation, à mener des actions qui ont un impact. Mon moteur : faire avancer mon entreprise et mes collaborateurs.
N.W. : Ce programme porte une attention particulière à l’intégration de la diversité comme une valeur en soi et un critère de performance pour l’entreprise. De nombreux programmes sont développés dans ce but dans toutes les filiales de Microsoft. Nous sommes dans des métiers souvent techniques et le challenge est d’attirer et développer les talents féminins dans ces domaines : cela nécessite la mise en place de programmes particuliers.
Je suis sensible à ces sujets certainement parce que j’appartiens à l’une des premières générations de femmes qui ont prétendu travailler et mener en parallèle une vie personnelle épanouie. J’ai envie de partager cette expérience, de montrer qu’il est possible de tout mener de front et de faire ainsi avancer les choses.
N.W. : Nous menons une approche décomplexée des politiques de quotas. L’objectif général dans les filiales Microsoft dans le monde est d’avoir un pourcentage de femmes dans l’entreprise supérieur au chiffre moyen dans notre secteur dans le pays concerné. En France nous avançons en nous reposant sur trois piliers. Il y a d’abord le recrutement, qui nous permet d’identifier les potentiels et de mettre en avant les femmes talentueuses. Il y a ensuite le développement de ces potentiels. Nous avons remarqué que souvent, les femmes ont besoin de soutien et de stimulation pour progresser dans l’entreprise. Nous menons plusieurs actions en ce sens. Par exemple, chaque année est organisée pour nos collaborateurs une discussion avec leurs managers. Or nous nous sommes rendu compte que les femmes avaient du mal à se projeter et donc à mettre à profit cet entretien annuel. Nous avons donc mis en place des ateliers spécifiques de préparation à ces entretiens afin que les femmes soient prêtes et à même d’exprimer leurs demandes. Nous menons en parallèle des projets classiques de mentoring. Enfin, ce programme repose sur l’idée que la diversité, pour être perçue positivement, doit être intégrée dans la vie de l’entreprise.
N.W. : L’idée est que le programme diversité ne pénalise pas les femmes par rapport aux hommes en les stigmatisant. Nous mobilisons le prétexte de la diversité pour réfléchir à des sujets plus larges et pour apporter une souplesse dans l’organisation du travail. Il y a ainsi une très forte corrélation entre la situation des femmes qui doivent équilibrer leur vie professionnelle et personnelle et les nouvelles technologies qui leur permettent de mieux concilier les deux aspects de leur vie. Le télétravail par exemple est un atout précieux. Les nouvelles méthodes de management également, en mettant par exemple l’accent sur les résultats des collaborateurs et non sur leur taux de présence. Nous avons par ailleurs mis en place en interne des bonnes pratiques d’utilisation des nouvelles technologies : par exemple nous n’organisons pas de réunion avant 9h30 et après 18h00. Ce type d’initiatives est également un atout de poids pour convaincre des femmes talentueuses de nous rejoindre.
N.W. : J’ai rejoint ce réseau il y a deux ans. Women in leadership (WIL) est un réseau européen qui s’appuie sur des femmes qui ont des responsabilités importantes au sein d’entreprises, dans le secteur public ou dans des organisations. L’objectif est de réfléchir à des sujets donnés afin d’apporter des bonnes pratiques pour améliorer l’organisation des entreprises, mais aussi pour faire avancer la réflexion politique, notamment sur des sujets comme les quotas dans les conseils d’administration. Il existe en effet des passerelles évidentes entre ces deux mondes. Par ailleurs les membres du WIL peuvent également donner la possibilité, dans le cadre des programmes de mentoring mis en place, d’identifier des top talents et d’organiser du cross mentoring entre différentes organisations. Au WIL nous tentons de dépasser le stade du constat et nous essayons en réunissant des femmes qui ont une forte implication d’apporter notre pierre à l’édifice et de faire avancer le débat sur ces sujets.
N.W. : Je pense qu’il faut faire attention à ne pas stéréotyper hommes et femmes, nous ne sommes pas formatés et les modèles évoluent. En revanche, le constat personnel que je fais est un besoin de sens que l’on retrouve beaucoup dans les parcours de femmes. Cela me semble être une caractéristique féminine dans l’entreprise. Cela peut peut-être amener ensuite des formes différentes de management ou une appréhension différente des situations. Reste que la situation des femmes dans l’entreprise évolue beaucoup, et qu’il faut continuer à y travailler. L’essentiel est que les femmes soient en capacité de formuler leurs choix et de les assumer.
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