Etonnant. C'est le qualificatif que l'on pourrait attribuer à la 92ème cérémonie des Oscars. Effectivement, loin des grands favoris, c'est le film indé CODA, remake de La famille Bélier (la comédie familiale avec François Damiens et Louane) qui a remporté le gros lot : l'Oscar du meilleur film. Chose insolite parmi d'autres, CODA devient le premier film sacré ainsi... A être sorti sur une plateforme de streaming. A savoir, Apple TV. L'un de ses comédiens, Troy Kotsur, est également reparti avec l'Oscar du meilleur second rôle.
Plus attendu, mais plus historique encore : Jane Campion a été sacrée meilleure réalisatrice pour son dernier long-métrage, The Power of the Dog. La réalisatrice de La leçon de piano devient ainsi la troisième femme (seulement) à recevoir la précieuse statuette, après Kathryn Bigelow (Démineurs) et Chloé Zhao (Nomadland). En outre, cela fait deux années de suite qu'une réalisatrice remporte ledit prix. Pas trop tôt.
Jane Campion avait déjà triomphé à la cérémonie des Golden Globes il y a peu. Salué par la critique, The Power of the Dog (où se côtoient Benedict Cumberbatch et Kirsten Dunst) devenait ainsi le deuxième film réalisé par une femme à remporter le Golden Globe du meilleur film dramatique. Mais pour en revenir aux Oscars, la victoire de Jane Campion n'était pas le seul fait notable...
Car à ce palmarès il faut ajouter une récompense historique, oui, encore une : Billie Eilish, superstar de l'industrie musicale à seulement 19 ans, a quant à elle reçu l'Oscar de la meilleure chanson originale pour No time to die. En compagnie de son frère Finneas, qui était également présent sur scène, la chanteuse avait effectivement composé et interprété le thème d'ouverture (très mélancolique) du dernier James Bond. Une réappropriation qui fait aujourd'hui de Billie Eilish la plus jeune artiste récompensée de l'histoire des Oscars.
Du côté des comédiennes, c'est l'iconique Jessica Chastain qui a remporté la statuette de la meilleure actrice pour son rôle dans le film Dans les yeux de Tammy Faye, biopic prometteur d'une télévangéliste américaine devenue militante au sein de la communauté LGBTQ - un projet qui lui tenait beaucoup à coeur. Ariana DeBose quant à elle s'est vue sacrée Meilleure actrice dans un second rôle pour sa performance dans ce qui aurait pu être le grand gagnant de cette cérémonie (mais en fait non) : le West Side Story de Steven Spielberg.
Sur scène, l'actrice enthousiaste a déclaré non sans émoi : "Vous voyez devant vous une femme de couleur ouvertement gay, afro-latina, qui a trouvé sa force dans l'art. Et je crois que c'est cela que nous célébrons ici". L'actrice s'est ensuite ouvertement adressée à tous ceux et celles qui se sont déjà interrogé "sur leur identité", et a décoché un triomphant : "il y a de la place pour nous". Un discours très émouvant s'il en est.
Comme l'énonce encore la chaîne d'informations NBC, Ariana DeBose entre de fait dans l'histoire des Oscars en tant que première actrice de couleur ouvertement queer à remporter la statuette dorée.
Fait notable mais plus dramatique, qui fait couler beaucoup d'encre ces dernières heures, notamment au sein des médias américains : Will Smith a remporté l'Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans La méthode Williams, et est arrivé sur scène... en giflant le comédien et humoriste Chris Rock. Ce dernier s'était moquée lors de son discours de la femme de la star, Jada Pinkett Smith, qui souffre d'alopécie. "Garde le nom de ma femme hors de ta putain de bouche !", a-t-il décoché, devant une assemblée pour le moins stupéfaite.
Pour résumer, voici le palmarès de cette édition des Oscars 2022 :
Meilleur film : CODA de Sian Heder
Meilleur acteur : Will Smith dans La Méthode Williams
Meilleur acteur dans un second rôle :Troy Kotsur dans CODA
Meilleure actrice : Jessica Chastain dans The Eyes of Tammy Faye
Meilleure actrice dans un second rôle : Ariana DeBose dans West Side Story
Meilleure réalisation : Jane Campion pour The Power of the Dog
Meilleur film d'animation : Encanto
Meilleure photographie : Greig Fraser pour Dune
Meilleurs costumes : Jenny Beavan pour Cruella
Meilleur court métrage documentaire : The Queen of Basketball de Ben Proudfoot
Meilleur film étranger : Drive my car, de Ryusuke Hamaguchi
Meilleurs maquillages : Dans les yeux de Tammy Faye de Michael Showalter
Meilleure musique de film : Hans Zimmer pour Dune
Meilleure chanson originale : Billie Eilish et Finneas O'Connell pour No Time To Die
Meilleur court métrage d'animation : The Windshield Wiper d'Alberto Miego
Meilleur son : Dune de Denis Villeneuve
Meilleurs effets visuels : Dune de Denis Villeneuve
Meilleur scénario adapté : CODA
Meilleur scénario original : Belfast