"Tu vas pas me freiner, je te préviens, moi j'ai besoin d'avancer, pas d'un branleur qui me freine. Parce que là, pendant un an je suis comme un couillon avec tes conneries !". Voilà ce qu'a entendu Grégory de la bouche de son employeur. La "raison" de ces menaces ? Le jeune ouvrier agricole trentenaire, père de trois enfants (dont des jumeaux en bas âge), venait de demander un congé parental d'un an. Un échange virulent diffusé par RMC le 31 août dernier.
"Ne me parle pas de congé parental. Je ne suis pas d'accord de toute façon. Et tu me regardes dans les yeux quand je te parle. Tu peux être fier de toi, un mec qui fait le gardiennage d'enfants... Une femme d'accord mais toi ?", poursuit l'employeur dans le document sonore enregistré par Grégory et relayé par la chaîne d'informations. Avant de conclure d'un cinglant : "Tu fais partie des branleurs qui ne font pas avancer le pays, t'es qu'un cas soc'. J'ai qu'une hâte c'est que tu te barres".
En plus des insultes systématiques, Grégory témoigne d'intimidations et de menaces diverses de la part de son employeur. Une situation de harcèlement au travail qui aurait duré pas moins de sept mois. Et qui a notamment concerné cette demande de congé parental, pourtant autorisée par le Code du Travail.
"Tous les jours, j'entendais des reproches, des insultes, c'était difficile. J'ai perdu 7 kilos. Pour moi, j'ai fait quelque chose de mal. J'y repense encore et ça fait mal", confie aujourd'hui Grégory à RMC.
A RMC, Grégory explique d'ailleurs que cette situation en dit long sur la perception dudit congé dans la sphère professionnelle.
"Je pense que je ne suis pas le seul dans cette situation-là. Il doit y avoir beaucoup de papas qui ne veulent pas prendre de congé parental", déplore le jeune homme. Un état des lieux déplorable auquel le trentenaire a décidé de réagir fissa. "Les enfants, ça grandit tellement vite, qu'il faut en profiter. Je suis fier aujourd'hui, tous les matins quand je vois mes enfants je me dis que je fais ça pour eux. Mon fils, je l'encouragerai à prendre son congé aussi", affirme avec fierté le père ouvrier.
Un discours énoncé comme une réponse face aux dires à la fois menaçants et sexistes dont il fut victime. Rappelons qu'en France, moins de 1% des pères prennent un congé parental à temps plein ou même partiel, après la naissance de leur premier enfant, selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques. 0,8 % plus précisément, contre 14 % des mères en moyenne. Un exemple édifiant d'inégalité des sexes et de mentalités rétrogrades.
Alors que le congé parental de Grégory s'achève fin septembre, l'employeur contacté par RMC a déclaré qu'il allait "accorder une rupture conventionnelle" à Grégory, comme celui-ci le souhaiterait.