L'ancien syndicaliste et désormais député européen Edouard Martin a poussé un coup de gueule ce mercredi 13 mars. Il s'est indigné de la nomination du gouverneur de la Banque d'Irlande, Philip Lane, à la Banque centrale européenne (BCE) et le refus de repousser sa nomination et celle de deux autres hommes à des postes hauts placés.
En effet, en même temps que la nomination de Philip Lane, s'est décidée la nomination pour deux présidences, celle de l'Autorité bancaire européenne et de celle du Conseil de résolution unique. Les deux postes sont allés à Josué Manuel Campa et Sebastiano Laviola, deux hommes.
Edouard Martin dénonce l'écart entre les paroles et les actes de l'Union européenne, quelques jours seulement après le 8 mars, journée internationale des droits des femmes.
Il s'est alors exprimé en séance pour soutenir une motion des écologistes pour repousser le vote : "Dans mes habitudes de celui qui secoue le cocotier, non pas pour le plaisir de faire tomber des noix de coco, mais simplement pour essayer de nous démontrer qu'il y a une divergence extraordinaire entre les choix et les actes que nous faisons."
Il ajoute : "On vient à peine de finir une semaine sur la journée internationale des droits des femmes, où on a fait beaucoup d'événements à Bruxelles. Il y a eu un grand débat sur la place des femmes en politique, nous autres, on a tous dit : 'bah oui, il faut plus de femmes'. J'ai presque envie de dire, il aurait fallu l'enregistrer : dans cinq ans, dans six ans, dans sept ans, on le remet, et on reprendra les mêmes arguments."
Edouard Martin s'indigne du fait qu'on ne trouverait pas de femmes compétentes pour ces postes : "Ces trois hommes, j'imagine qu'ils sont plein de compétences et évidemment qu'ils sont très compétents [...] mais on peut aussi faire la liste des hommes incompétents et qui sont quand même aux poste à responsabilités. On ne parle de compétences que quand il s'agit de mettre une femme en place dans un poste de responsabilités et c'est forcément disproportionné de reporter un vote parce que ça n'est qu'une femme qui n'a pas la place qu'on aurait dû lui donner. C'est disproportionné de parler d'égalité entre les femmes et les hommes !"
Il reprend alors la célèbre phrase de la journaliste Françoise Giroud : "La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente."
L'exemple que donne le Parlement européen est pour lui déplorable : "Là, notre débat, notre discours, ce ne sont que des mots. Ce que les gens vont voir à l'extérieur, c'est qu'on a voté pour trois mecs, et il n'y a pas de femmes, alors qu'on vient de dire pas plus tard qu'hier que les femmes devaient avoir toute leur place en politique et qu'il fallait qu'on leur fasse de la place."
"Là c'est fini, les fausses excuses à deux balles. Nous sommes en train de construire une fausse excuse, le Brexit, les compétences... Évidemment qu'il est très compétent [Philip Lane] mais je connais aussi beaucoup de femmes qui sont très compétentes ! Si vous voulez, je vous fais la liste et on reporte le vote."
Le vote n'a finalement pas été reporté et Philip Lane a été nommé à la BCE.
Celui qui était ouvrier et syndicaliste à l'usine ArcelorMittal de Gandrange s'est battu contre la fermeture de l'usine à partir de 2009. Il s'est ensuite présenté comme député européen pour le Grand-Est sous les couleurs du Parti socialiste, avant de rejoindre l'étiquette Génération.s, le parti de Benoît Hamon.