Présentée comme une mesure de santé publique, la fin du remboursement de la pilule 3e génération va alléger la facture pour la Sécurité Sociale et alourdir celle des patientes. Le déremboursement permettra en effet une économie de 16,3 millions d’euros à la Sécu. La ministre de la Santé Marisol Touraine a cependant rappelé, rapporter le Figaro, que « l'objectif du déremboursement n'est pas économique. Nous souhaitons qu'avec leur médecin les femmes se posent la question de leur contraception. » L’économie estimée par les derniers chiffres de la Sécurité Sociale reste cependant hypothétique car les femmes concernées peuvent se tourner vers les pilules de 1re et de 2e générations, toujours remboursées, ou vers d'autres moyens de contraception.
Près de 5 millions de Françaises utilisent une forme de contraception dont 1,5 million prennent la pilule de troisième génération. En 2011, 3,5 millions de produits contraceptifs ont été prescrits. Mais d’après le Dr Jean-Jacques Zambrowski, professeur d'économie de la santé à l'université Descartes de Paris, dès le 31 mars, cité par le Figaro, « les ventes vont incontestablement fondre de plus de deux tiers ». La mesure prévoit le déremboursement de onze pilules et génériques. Les femmes qui souhaiteront poursuivre leur contraception avec les pilules incriminés devront débourser entre 7,26 et 35 euros pour une boîte effective pour trois mois. Et ces tarifs pourraient croître rapidement avertit le Dr Zambrowski : « Dès qu'un médicament cesse d'être remboursé, c'est toujours pareil. Les labos et les pharmaciens sont tentés de remonter leur prix puisque leur volume baisse». Il prévoit ainsi une hausse de 10 à 30% du prix actuel après la mise en vigueur du déremboursement. Concrètement, « une plaquette qui coûte actuellement 2,90 euros pourrait passer à 4 euros ».
Salima Bahia