Au bureau, il y a ceux qui gardent leur colère et leur frustration pour eux par crainte de dire tout haut ce qu'ils ont sur le coeur. Et au contraire, il y a ceux qui dès que quelque chose les importune, que ce soit un collègue de travail ou l'imprimante, cèdent sans réserve à leur colère, quitte à passer pour les râleurs de service.
Et si c'étaient ces derniers qui avaient raison ? Selon une récente étude publiée dans le Journal of Organisational Behaviour, exprimer sa colère en milieu professionnel jouerait un rôle positif sur son état d'esprit, mais aussi sur l'ambiance qui règne sur son lieu de travail.
À une condition, toutefois, précise le Dr Dirk Lindebaum de la Management School de Liverpool, et qui co-signe l'étude : que cette colère soit "morale", c'est-à-dire saine et dépourvue de traits négatifs tels que l'agressivité, l'hostilité ou l'intimidation, mais aussi d'intérêts personnels. Se mettre en colère parce qu'il n'y a plus de frites à la cantine : non. Exprimer son mécontentement après que sa collègue se soit fait taper sur les doigts sans raison aucune : oui.
Généralement considérée comme une émotion négative, la colère serait au contraire d'après le Dr Lindebaum la clé d'un environnement de travail plus sain et juste. "La colère morale sert à éviter les préjudices tout en améliorant ou en mettant fin à une situation inacceptable qui viole des valeurs morales importantes. [...] En incitant les comportements d'entraide entre salariés, la colère morale tente de gommer les disparités, réparer les situations dommageables, rétablir l'équité et d'améliorer la condition humaine."
En exprimant clairement et sans attendre les raisons de notre mécontentement auprès de nos collègues ou de notre supérieur hiérarchique, nous contribuerions donc à désamorcer les conflits larvés et à rétablir l'harmonie dans l'open space.
Autre bonne raison de rouspéter de temps en temps : manifester sa colère serait bon pour notre état d'esprit. D'après une étude datant de 2013 parue dans le Journal of Social Behavior & Personality , les personnes ayant tendance à sortir de leurs gonds seraient non seulement de bien meilleurs négociateurs que leurs collègues, mais il seraient aussi plus optimistes. Exprimer tout haut leurs émotions doperait leur confiance en eux et les aiderait à mieux surmonter les déconvenues et les échecs. Plus sereins après avoir dit tout haut ce qu'ils pensaient, ils seraient alors plus à même de se reconnecter à leurs émotions et à réfléchir aux changements qu'ils peuvent apporter à leur vie pour la rendre meilleure.
S'il vous faut une dernière bonne raison de vous énerver, c'est bien celle-ci : selon une étude allemande publiée dans la revue scientifique Health Psychologies en décembre 2012, extérioriser ses émotions est bien meilleur pour la santé que de contenir son énervement. Mieux, se mettre en colère aurait un impact significatif sur l'espérance de vie. Les chercheurs ont en effet pu prouver qu'exprimer sa mauvaise humeur diminue les risques de troubles physiques et mentaux et que les personnes qui intériorisent leurs sentiments négatifs sont plus vulnérables aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers, troubles rénaux et à l'hypertension. Alors, on attend quoi pour râler un bon coup ?