En pleine campagne pour les législatives de dimanche dernier (7 juin), le président turc Erdogan s'est une nouvelle fois illustré par des propos peu respectueux envers les femmes. Comme le rapporte le journal turc Today's Zaman, un groupe de femmes du HDP, le parti kurde, a tourné le dos et fait un signe de la victoire alors que le bus de campagne du président passait devant elles, le 1er juin.
Un geste qui n'a pas plu au président. Erdogan a ainsi déclaré : "Nous savons ce que tourner son dos quand on est une femme signifie, mais notre décence nous défend de le dire". Comme l'explique Buzzfeed, cette remarque insinue clairement que ce geste serait une invitation à une relation sexuelle.
Le président a ensuite déclaré : "Si vous avez un peu de politesse, d'honneur et de capacité, alors la place pour la politique est au parlement", comme si quiconque n'étant pas membre du Parlement ne pouvait s'opposer à lui. Des propos qui en ont offusqué plus d'un et auxquels les internautes ont tenu à répondre à travers Twitter ou Instagram. De nombreuses femmes ont ainsi posté des photos d'elles, de dos, sous le hashtag #SırtımızıDönüyoruz ("Nous tournons le dos").
Ce n'est pas la première fois que les femmes turques lancent une campagne sur les réseaux sociaux afin de dénoncer la situation dans leur pays. En juillet dernier, de nombreuse femmes avaient posté des selfies d'elles sur Twitter, riant en éclat, en réponse au vice-premier ministre turc Bulent Arinç. Ce dernier, dans un discours sur la "corruption morale" avait déclaré que "la femme [...] doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l'est pas" et qu'elle ne devait pas "rire fort devant tout le monde". Grace aux hashtags #kahkah (rire) et #direnkahkaha (rire résistant), la réponse à ces propos aussi ridicules que sexistes ne s'est pas faite attendre. Même Emma Watson avait pris part à la campagne.
En février, c'est vêtue de noir que les Turques se sont affichés sur les réseaux sociaux après qu'une jeune étudiante de 20 ans ait été retrouvé morte dans une rivière, tuée par un chauffeur de bus qui avait tenté de la violer. Des manifestations avaient alors éclaté dans tous le pays. Au travers le hashtag #sendeanlat (toi aussi raconte), les victimes de viols et harcèlement ont témoigné sur les réseaux sociaux, brisant ainsi la loi du silence. Des hommes avaient posté des photos d'eux en jupe pour dénoncer les violences faites aux femmes.
Des initiatives qui ont dû agacer le président, qui avait, en mars 2014, tenté de faire interdire Twitter, sans y parvenir. Avec cette nouvelle campagne, ses opposantes son bien contentes de lui rappeler qu'elles peuvent encore s'exprimer sur le réseau social. Et lui tourner le dos.