Le préservatif féminin, ou "interne", n'a pas vraiment la cote. Car si la France s'affiche comme le premier pays européen consommateur de ce moyen de contraception, les chiffres restent (très) bas, déplore le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes dans un avis rendu ce 16 avril. La faute à une méconnaissance de son utilisation mais aussi, à son prix : de 8 à 12 euros pour une boîte de 3, contre 2 à 3 euros pour une boîte de 12 préservatifs masculins qui eux, sont remboursés par la Sécurité sociale sur prescription médicale.
D'après la Direction générale de la Santé, seules 3324 boîtes de préservatifs féminins ont été achetées en pharmacies en 2020, et 345 000 assurés se sont vus prescrire des préservatifs entre décembre 2018 et octobre 2020. Un écart considérable. Pourtant, affirme le comité indépendant qui a interrogé plusieurs associations et professionnel·le·s de santé, les avantages du premier, au-delà de son évidente protection contre les infections sexuellement transmissibles, sont nombreux.
D'abord, sa solidité, qui "présente moins de risque de déchirure" que le préservatif masculin. Ensuite, "sa texture hypoallergénique car composée de polyuréthane ou de nitrile et non pas de latex, est plus douce, plus perméable aux échanges de chaleur et de mouvements et préserve ainsi les sensations naturelles des deux partenaires". Et enfin, déjà lubrifié, il peut se poser jusqu'à 8 heures avant le rapport "et permet d'accompagner tous les moments d'intimité, tout au long de l'acte sexuel".
Afin d'encourager le recours à cette option, le HCE a donc décidé de suggérer une mesure-clé : le remboursement ou la gratuité du préservatif féminin en fonction des publics. "Favoriser l'accès au préservatif féminin grâce à un prix bas ou sa gratuité constitue une étape essentielle pour promouvoir son utilisation", lance-t-il. Et d'ajouter : "Le préservatif féminin, laissé à la seule maitrise des femmes, offre une alternative essentielle au préservatif masculin. Si ce dispositif est utile pour d'autres populations (HSH et trans), il participe de l'appropriation de leur propre corps par les femmes et leur donne la liberté de se protéger par elles-mêmes"
Pour cela, l'organisme propose donc d'agir selon quatre axes : "Faciliter l'accès à cet outil via le remboursement ou la gratuité selon les publics" d'une part, mais également oeuvrer à davantage "promouvoir" ce mode de contraception encore "peu connu" grâce à une campagne nationale (qui pourrait démarrer 16 septembre 2021, à l'occasion de la journée internationale du préservatif interne, précise l'AFP).
Puis, "former et informer les professionnel·les pour qu'ils s'en fassent le relais", et enfin, mener des études spécifiques qui permettront de combler les lacunes statistiques autour de cette question pour "mieux comprendre les modalités de son utilisation et identifier les freins".
Une avancée qui s'avérerait majeure puisque, comme le martèle le HCE : "Le préservatif masculin est remboursé, le préservatif féminin doit l'être aussi. Il s'agit d'une question d'égalité."