Olivier Ferrand : Avec Olivier Duhamel cosignataire du rapport « Pour une primaire à la Française » publié en 2008, nous avons pensé que c’était un droit démocratique nouveau offert aux citoyens. En 2007, les Français ont eu le choix entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, mais les sympathisants de gauche n’avaient pas voté pour Ségolène Royal, elle avait été élue par 150000 militants. Désormais le candidat élu verra sa légitimité confirmée par 1 à 3 millions de voix. C’est un approfondissement démocratique fort, qui correspond à un basculement de la logique des partis politiques. L’électeur possède un pouvoir décisionnel important : ce n’est pas rien de pouvoir choisir, au sein de la gauche, entre la ligne politique de Manuel Valls et celle d’Arnaud Montebourg. La primaire renforce ainsi le candidat et doit l’aider à gagner.
O. F. : Je pense que si c’est un succès, il sera difficile de ne pas généraliser le dispositif, et l’UMP devra se lancer. Aux Etats-Unis, c’est le parti démocrate qui avait été à l’origine des premières primaires, et le parti républicain a fini par s’aligner. En Italie, Silvio Berlusconi a lui aussi dû copier la primaire organisée par Romano Prodi…
O. F. : La question s’est posée, et en effet nous aurions sans doute réuni plus de votants, mais actuellement les systèmes existants ne permettent pas de garantir à 100% la sincérité d’un scrutin online. Des trucages sont possibles et nous ne sommes pas encore armés pour contrôler ces outils. La preuve, nous ne sommes pas encore passés au vote numérique pour les élections républicaines. Je pense aussi que la démarche de se rendre aux urnes est symbolique et jubilatoire pour les citoyens qui s’emparent d’un nouveau droit.
O. F. : Nous avons fixé la barre de succès à un million de participants. Si nous atteignons les trois millions, ce sera un triomphe, et les sondages sont très optimistes pour le moment.
O. F. : Ce site cherche à mettre en scène le débat politique de fond, pour montrer que ce débat est de qualité et passionnant. Il s’agit d’aider les citoyens à voter en connaissance de cause pour leur candidat. Pour cela, le site établit un comparatif objectif, neutre mais fouillé de chaque programme. Toutes les positions des candidats sont épluchées et mises en perspective par notre réseau d’un millier d’experts. Pendant la campagne, on y trouvera aussi les actus chaudes et les décryptages de la campagne, sans aller chercher les piques et les petites phrases politiciennes. Nous resterons cantonnés sur le fond.
O. F. : Tout dépend en effet de la façon dont c’est utilisé. Twitter, comme les blogs, nécessite une prise en charge personnelle du candidat. On veut des réactions à chaud, et cela se vérifie. Les comptes qui marchent le mieux sont ceux qui obéissent à cette règle et l’outil devient alors un instrument politique efficace. En effet c’est parfois périlleux et une gaffe est vite arrivée, mais c’est tout un art, que certains maîtrisent très bien, comme Nathalie Kosciusko-Morizet par exemple.
O. F. : La puissance de feu sur Internet est bridée en France par le sous-financement structurel de la politique. Le site Mybarakobama.com a coûté très cher, et son dispositif de campagne est absolument hors de portée pour un candidat français. En 2008 aux Etats-Unis, Internet ne servait pas de média pour relayer la campagne, mais de colonne vertébrale de l’organisation interne. Cela a permis le déploiement de trois millions de sympathisants sur le terrain, gérés par une micro-équipe depuis Chicago. En 2012, Obama va affiner en migrant Mybarakobama.com sur les mobiles et profiter de la géolocalisation pour répertorier le porte à porte des militants sur le terrain. Ce système va lui permettre de créer une base de données géante des contacts et des électeurs démocrates. En face de ce type d’opération, la politique française et ses outils de communication relèvent de l’artisanat.
Crédit photo : AFP
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