À sujet tabou, campagne choc. L’association Agir contre la prostitution des enfants (ACPE) s’apprête lancer une campagne qui devrait marquer les esprits. À grand renfort de spots télévisés, de vidéos sur Internet et d’affichages dans l’espace public et la presse, elle vise à lever le voile sur la prostitution des mineurs. Un sujet délicat mais qui n’est pas « nouveau » selon Yves Charpenel, président de la Fondation Scelles qui lutte également contre ce phénomène. « C’est une réalité peu quantifiable, mais elle augmente », a-t-il toutefois souligné lors d’un colloque organisé ce jeudi.
Et outre sa progression, la prostitution des jeunes gangrènerait de plus en plus le milieu scolaire. Dans les collèges et lycées, elle aurait déjà ses propres codes. Des « lovers boys », ces jeunes garçons qui prostituent leurs petites amies au motif que c’est une preuve d’amour de coucher avec d’autres garçons ; aux caresses forcées qui désignent des fellations réalisées dans les toilettes des établissements pour « faire comme les autres » ou pour quelques euros, sans oublier les « miols », des viols au cours desquels l’absence de consentement n’est pas claire.
L'une des vidéos choc de la campagne de l'ACPE par FranceInfo
Autant de pratiques sur lesquelles Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l’ACPE, entend désormais attirer l’attention. « Il faut juste reconnaître que ceci est un risque dans notre société. C’est tout. Moi je n’agite pas le drapeau rouge. Je préviens qu’il faut être vigilant et attentif », a-t-elle expliqué à l’AFP. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas de chiffres, car c’est extrêmement dérangeant et pas un établissement scolaire n’en parle. Mais nous avons des remontées de professeurs, qui ont eu les confidences de jeunes filles ». Aussi outre une campagne de sensibilisation aux images choquantes mais bien réelles, l’ACPE a mis en place un kit pédagogique à destination des enseignants et responsables d’établissement.
À noter qu’en plus des lycéens et collégiens, la prostitution des enfants regroupe également celle des étudiantes qui vendent leur corps pour payer leurs études ou leur loyer mais aussi celle des jeunes mineurs roumains qui pratiquent cette activité pour pouvoir se nourrir. Et bien qu’aucune donnée officielle n’existe à ce sujet, les associations estiment, en extrapolant, que 5 000 à 8 000 enfants et adolescents seraient concernés en France.