Alors que la loi renforçant la lutte contre la prostitution en France et la pénalisation des clients a été adoptée, au début du mois de juin, à l'Assemblée nationale, un texte publié par Amnesty International vient de s'attirer les foudres de bon nombre d'associations féministes, de défenseurs des droits de la personne, de médecins, d'anciennes victimes du commerce du sexe et même d'actrices parmi lesquelles figurent Kate Winslet, Lena Dunham, Meryl Streep et Carey Mulligan.
En effet, dans un rapport daté d'avril 2014, intitulé "Projet de politique sur le travail du sexe", l'ONG déclare s'opposer "à la pénalisation ou la punition des activités relatives à l'achat ou la vente de services sexuels consentis entre adultes". En clair, Amnesty International s'y positionne contre la pénalisation de la prostitution au motif que celle-ci engendrerait "davantage de harcèlement et de violence sur les travailleurs du sexe".
En guise de réponse, plus de 400 personnes, dont les actrices mentionnées ci-dessus, ont signé, le 17 juillet, une lettre envoyée au secrétaire général d'Amnesty International, Salil Shetty , réclamant une refonte du document examiné lors du prochain Conseil international de l'ONG qui se déroulera du 7 au 11 août à Dublin. Si, à l'instar de l'organisation, les signataires conviennent "que les personnes achetées et vendues dans le commerce du sexe, qui sont principalement des femmes, ne doivent être pénalisées dans aucun territoire et que leurs droits humains doivent être respectés", ces derniers rejettent un projet qui, selon eux, "propose, incompréhensiblement une décriminalisation tous azimuts de l'industrie du sexe". Une telle position reviendrait donc, d'après les auteurs de la lettre, à légaliser de facto "le proxénétisme, la possession de bordels et l'achat de sexe".
Une industrie mondiale du sexe, évaluée à 99 milliards de dollars par l'Organisation internationale du travail, dont la dépénalisation conduirait à une augmentation du trafic d'êtres humains, notamment de très jeunes femmes, principalement originaires de pays d'Europe de l'Est, pour répondre à la demande accrue de relations sexuelles tarifées.
Les signataires du document envoyé à Amnesty International évoquent les Pays-Bas et "l'augmentation exponentielle de la traite à des fins sexuelles (...) directement liée à la dépénalisation de l'industrie du sexe par ce gouvernement en 2000". Et de conclure en faveur d'un positionnement de l'ONG "du côté de la justice et de l'égalité pour tous". Réponse dans les semaines à venir en Irlande.