Ce n'est un secret pour personne : la Silicon Valley, berceau mondial de l'innovation et des nouvelles technologies situé dans la baie de San Francisco, en Californie, n'est pas l'endroit le plus réputé pour son respect de l'égalité femmes-hommes. Connues leur propension à freiner la carrière des femmes ingénieures, les start-up de la côte californienne sont aussi régulièrement épinglées pour les dérapages sexistes de ses employés.
C'est pour cela que le cas de la Française Virginie Simon est si emblématique. À 35 ans, cette entrepreneure a réussi à faire son trou dans le monde très fermé de la tech en fondant My Science Work, un réseau professionnel en ligne où des scientifiques du monde entier partagent leurs travaux de recherche, échangent et collaborent parfois. À ce jour, le portail recense plus 60 millions d'articles dans 30 disciplines différentes, et leur accès est totalement gratuit. Après avoir ouvert ses premiers bureaux à San Francisco en 2017, la jeune pousse compte aujourd'hui 15 employés, des bureaux en Californie, en France et au Luxembourg, et continue de se développer. "On embauche de plus en plus de doctorants, des profils linguistiques, mathématiques, sémantiques, pour pouvoir aller chercher le sens des mots scientifiques et de pouvoir l'analyser. Les ingénieurs français sont assez bons là-dedans", explique Virginie Simon à FranceInfo.
L'aventure My Science Work a commencé en 2010. Alors docteure en nanotechnologies, Virginie Simon s'étonne du manque de communication existant entre les scientifiques de différentes disciplines et qui rendait la mutualisation de leurs recherches respective compliquée. "J'aimais beaucoup ce côté multidisciplinaire, ces sciences qui s'associent pour faire de nouveaux résultats de recherche, mais on avait du mal à travailler ensemble parce que les formations et le vocabulaire sont très différents. Je passais plus de temps à chercher l'information qu'à l'analyser."
Elle décide alors de fonder une plate-forme et un réseau social professionnel mettant en relation les scientifiques et les chercheurs et leur permettant de communiquer sur leurs travaux et de les archiver. "Nos plateformes sont déjà utilisées par plus d'un million d'utilisateurs par mois et 500 nouveaux membres s'inscrivent chaque jour. Nous avons noué des partenariats avec les géants tels que Google et continuons à travailler avec de nombreux centres de recherche en France, en Europe et aux États-Unis. Tout est allé très vite alors que nous abordons une industrie très complexe : celle de la recherche académique" explique l'entrepreneure au site Studyrama. "Notre but est avant tout de démocratiser la science et d'aider les communautés scientifiques à mieux faire circuler les savoirs et à plus facilement collaborer".
Déjà lauréate du "Trophée de l'Entrepreneur", qui lui a été remis en mars 2017 au ministère des Affaires étrangères, Virginie Simon vient de se voir attribuer par ses pairs une récompense toute aussi prestigieuse : le prix de la meilleure femme française entrepreneure. Un pas de plus sur le chemin de l'égalité dans la tech ? Viriginie Simon l'espère, elle qui milite activement pour que les femmes aient les mêmes chances que les hommes dans leur carrière professionnelle. Investie dans l'association Femmes et Sciences, elle oeuvre d'ailleurs pour la valorisation des carrières scientifiques pour les filles. "Quand elles font des écoles d'ingénieurs ou d'informatique, les filles sont chouchoutées pendant leur formation et elles trouvent sans problème du travail", affirme la startuppeuse à l'Étudiant. Son parcours est là pour lui donner raison.