Le sexisme dans le monde du travail a la vie dure, y compris dans nos sociétés occidentales. La preuve avec cette note rédigée par un employé de Google dévoilée samedi par le site Gizmodo. Selon cet ingénieur, s'il n'y a pas beaucoup de femmes qui travaillent dans le secteur des technologies, c'est parce qu'elles "leur constitution biologique ne leur permet pas". "Les aptitudes naturelles des hommes les conduisent à devenir programmateurs en informatique, alors que les femmes sont plus enclines aux sentiments et à l'esthétique, et donc vont vers des carrières sociales", écrit l'américain. Des allégations aussi aberrantes que sexistes, qui nous laissent sans voix.
La publication n'a pas tardé à faire le tour de la toile et a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. Journaliste pour le site américain spécialisé dans les technologies Recode.net, Kara Swisher dénonce "des fadaises sexistes, habillées dans un discours sur la protection non méritée de la liberté d'expression". Le géant américain n'a pas non plus tardé à condamner le contenu de la lettre, jugeant les hypothèses sur le genre avancées par son employé "incorrectes". "Ce n'est pas un point de vue que nous soutenons, promouvons ou encourageons. La diversité et l'inclusion sont une part fondamentale de nos valeurs (...)", a rappelé la responsable diversité de Google Danielle Brown, dans un courrier adressé à tous les employés de l'entreprise.
De son côté, Ari Balogh, patron des ingénieurs de la boîte, a déploré des "stéréotypes nuisibles". "Un des aspects du message qui m'a le plus profondément troublé est son parti pris sous-jacent qui veut que des hommes ou des femmes ressentent ou agissent d'une certaine façon. Ce sont des stéréotypes et c'est nocif",a-t-il écrit dans un email interne relayé par l'AFP. Selon ses propres dires, l'auteur de la note -un certain James Damore- aurait été renvoyé ce lundi, rapporte Le Point. Google a cependant refusé de confirmer cette information, en indiquant que "l'entreprise n'a pas pour habitude de commenter les cas individuels".
Alors que Google se présente comme "the place to work" avec des locaux incroyables équipés de toboggans et de salles de sieste, cette mauvaise pub risque fortement de ternir son image. D'autant plus que parmi les salariés du moteur de recherche le plus célèbre du monde, 69% des salariés sont des hommes. Une proportion qui monte à 80% dans les emplois technologiques, selon les derniers chiffres du groupe, selon l'AFP. Mais Google n'est malheureusement pas la seule firme de la Sillicon Valley à afficher une parité qui laisse à désirer. Selon des chiffres relayés par France Info , les femmes restent très minoritaires dans les grandes sociétés de la technologie comme Facebook ou Apple, qui comptent respectivement 33 % et 23 % de femmes au sein de leur entreprise.
Comme le rapportaient Les Echos en 2016 , le pourcentage de femmes dans les métiers dits STIM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) stagne à 34% dans le monde. Mais heureusement, des initiatives pour renverser la tendance commencent à voir le jour, à l'instar des stages de code 100% féminins initiés par Microsoft pour inciter les femmes à orienter leur carrière vers le secteur du numérique.