Dans la tête des jeunes filles, c'est un stéréotype fortement ancré : celui selon lequel les métiers du monde digital, d'informaticien à community manager, en passant par ingénieur, sont réservés aux hommes. La faute à la persistance des idées reçues que véhiculent les filières scientifiques et technologiques, largement trustées par les garçons. En cause ? Une bonne dose d'autocensure. Parce qu'elles sont persuadées de ne pas réussir ou que ce n'est pas leur place "naturelle", les adolescentes sont encore aujourd'hui trop peu nombreuses à poursuivre leurs études dans le domaine des sciences et des technologies.
Résultat : si 60% des femmes se disent attirées par les métiers du numérique en France, elles n'étaient en réalité que 28% en 2014 à travailler dans le secteur du digital, toutes fonctions confondues. Pire : seules 8% de femmes sont aujourd'hui à la tête d'une entreprise innovante.
Cette trop faible féminisation des métiers du numérique est une perte inestimable pour le monde digital, qui se voit privé de talents et de femmes d'exception. D'autant que d'ici 2018, 38 000 nouveaux postes seront à pourvoir dans les secteurs du web, de l'e-commerce ou encore de la domotique.
C'est pour briser ces stéréotypes et aux jeunes filles qu'elles sont tout aussi capables que les garçons de mener coder que Microsoft a lancé il y a trois ans DigiGirlz, un programme organisé dans le cadre de la Journée des droits des femmes pour sensibiliser les jeunes filles aux métiers du numérique et susciter des vocations. Chaque année, 300 collégiennes issues d'établissements REP (réseau d'éducation prioritaire) se retrouvent lors d'une journée où rencontres avec des sont là pour leur faire prendre conscience du caractère créatif et innovant du digital.
Cette année, Microsoft et ZUPdeCO ont décidé d'aller encore plus loin pour inspirer les jeunes filles et ont lancé les colonies DigiGirlz. L'objectif ? Que spectatrices du monde digital, elles en deviennent actrices en participant à des ateliers ludique et à des jeux numérique.
Après une première semaine pilote à la Toussaint, les colos DigiGirlz ont été officiellement lancées pendant les vacances de février. Pendant une semaine, un groupe d'une vingtaine d'élèves de 4e et 3e a sillonné Paris pour découvrir différentes facettes du monde du numérique.
"Notre premier constat, nous explique Céline Corno de ZUPdeCO, a été de nous dire que pendant les vacances, ces jeunes filles issues de quartiers populaires ne faisaient pas forcément grand-chose. Elles n'ont pas forcément les moyens de partir en vacances et restent le plus souvent à la maison. Avec les colos Digigirlz, on souhaite donner du sens au travail à l'école et les ouvrir à des secteurs qu'elles ne connaissent pas forcément et pour lesquels certaines ont des a priori."
Au programme de cette semaine bien chargée : des visites d'entreprises innovantes comme Parrot et Schneider, une découverte du FabLab de la Cité des Sciences, une visite de l'exposition sur les jeux vidéo au Musée des Arts Ludiques, une initiation au métier de community manager, une séance de coaching ou encore un atelier coding.
"On cherche vraiment à alterner les activités pour leur faire prendre conscience que le numérique est un secteur qui est accessible à toutes, quel que soit le niveau d'études, commente Céline Corno. Il y a évidemment des postes, comme celui d'ingénieure, qui sont accessibles à un niveau Bac+ 5, mais aussi des possibilités de travailler dans le digital en ayant un Bac+ 1 à un Bac+ 3."
C'est lors de l'initiation au code qu'on a rencontré les participantes à la colo DigiGirlz. Encadrées par six volontaires (dont...une seule fille) de la Web@cadémie à l'école Épitech, les collégiennes apprennent à aligner des lignes de code en jouant à un jeu de logique inspiré de Minecraft. L'ambiance est studieuse : penchées sur leur écran, les jeunes filles cherchent à résoudre les énigmes qui leur sont posées. Si certaines ont un peu de mal, d'autres survolent littéralement l'exercice.
C'est le cas de Carine qui, en l'espace d'une demi-heure, a bouclé l'exercice pourtant ardu élaboré par la Web@cadémie. Au point que les tuteurs ont dû lui trouver un autre exercice de coding, celui-là inspiré de Star Wars, pour patienter jusqu'à ce que ses camarades la rattrapent. Quand on a demandé à la collégienne ce qu'elle préféré de cette semaine de colo, sa réponse fuse : l'atelier de code, sans hésitation. "Je n'avais jamais fait ça avant, mais je trouve ça cool", nous affirme Carine, qui se voit bien, pourquoi pas, poursuivre des études dans le digital pour devenir programmatrice ou community manager. Et ce ne sont pas des métiers réservés aux hommes ? Pas du tout, affirme l'adolescente.
Quoi qu'il en soit, qu'elle ait suscité une ou vingt vocation, la colo DigiGirlz est un succès. Ça tombe bien : une nouvelle session d'initiation est prévue pour les vacances de Pâques.