Christian Chevalier : Nous ne sommes pas favorables à ce projet. Qu’il faille retravailler la question des modalités d’évaluation des enseignants, c’est une évidence. Aujourd’hui, il n’y a pas suffisamment d’inspecteurs dans les collèges et lycées. Ce qui nous dérange dans ce projet c’est que l’on donne au chef d’établissement un rôle majeur dans l’évaluation. Bien sûr c’est important qu’il ait un regard sur l’enseignement des disciplines mais nous pensons qu'il faut un regard croisé entre les corps d’inspection et le chef d’établissement. L’évaluation est source de stress pour beaucoup d’enseignants. Elle doit être considérée comme formative. Les enseignants doivent savoir ce sur quoi ils vont être évalués. Or il n'existe actuellement pas de référentiels de compétences, l’inspecteur évalue avec des critères qui lui sont propres. L’inspection a besoin d’être dépoussiérée. Le gouvernement n’apporte pas les bonnes réponses. L’évaluation et la carrière sont liées. La réforme préconise également que ce soit le supérieur hiérarchique qui attribue nommément les promotions. Là encore ce n’est pas satisfaisant.
C.C : Pour l’instant aucune organisation ne souhaite signer l’accord. Entrer en négociation trois mois avant une élection sur un sujet aussi important ne me semble pas une bonne solution. Plusieurs options sont à prévoir : soit le ministre considère que le sujet n’est pas mûr et la réforme est reportée, soit il estime que politiquement c’est un sujet majeur et qu’il faut passer en force.
C.C. : Il y a deux sujets majeurs. La question fondamentale de la difficulté scolaire. Comment traite-t-on la difficulté scolaire ? Il va falloir prendre ce dossier à bras le corps. Le coût social de ce problème est réel. Il faut investir dans l’école, aider ceux qui en ont besoin, former les enseignants à la difficulté scolaire. Des dispositifs comme les réseaux d’aide à l’école font un travail de prévention exceptionnel pour identifier les difficultés qui bloquent la réussite des élèves. Il faut aussi engager une réflexion sur le travail d’enseignant. Ce métier ne peut plus se limiter à la transmission des disciplines. Nous sommes à la croisée des chemins.
C.C. : Nous sommes face à deux visions radicalement différentes de l’éducation. Le programme de l’UMP d’un côté et les autres partis. Alors que ces derniers continuent de s’inscrire dans l’école de la république, le programme du parti majoritaire est une vraie rupture. Il prône une école à l’anglo-saxonne, très concurrentielle où l’on considère que l’unité de base c’est l’établissement. Cette visions va à l’encontre de l’égalité des chances et génère des écoles à deux vitesses. Pour nous la concurrence entre les établissements n’est pas compatible avec l’école de la République. Nous pensons certes qu’il faut plus d’autonomie, ce qui ne veut pas dire donner plus de pouvoir au chef d’établissement.
Crédit photo : AFP
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