De plus en plus, l'endométriose devient l'un des premiers diagnostics évoqués en cas de fortes douleurs de règles, aussi appelées dysménorrhées. La preuve que la sensibilisation fonctionne, et que la recherche commence à suivre.
Autre cause qui peut expliquer les sensations particulièrement vives que ressentent les personnes menstruées pendant leur cycle : un fibrome utérin, des polypes, ou encore, la présence d'un stérilet en cuivre, énumère Santé Magazine. Mais de plus en plus, la liste s'allonge. Et se compose de facteurs pour le moins préoccupants. Dans une étude publiée dans la revue Frontiers in Public Health, des scientifiques de l'université de Shanghai ont découvert que la qualité de l'air ne serait pas étrangère à cette souffrance physique.
"Des recherches ont déjà montré que les femmes qui fument ou boivent de l'alcool pendant leurs règles, qui sont en surpoids ou qui ont leurs premières règles très jeunes, courent un plus grand risque de dysménorrhée. Celles qui n'ont jamais été enceintes également. Mais ici, nous démontrons pour la première fois un autre facteur de risque important de dysménorrhée : la qualité de l'air, en particulier l'exposition à long terme à la pollution", décrit en ce sens le Pr Chung Y. Hsu, l'un des auteurs du rapport.
Ainsi, les polluants que l'on respire favoriseraient la production de prostaglandines, lesquelles agissent sur le tonus musculaire, et donc, intensifieraient les contractions dans l'utérus. Un constat alarmant qui ne fait qu'ajouter aux lourdes conséquences de la crise environnementale.
Pour arriver à ces résultats édifiants, l'équipe de chercheur·e·s a suivi pas loin de 300 000 personnes menstruées âgées de 16 à 55 ans, sur une période de 13 ans allant de 2000 à 2013. Un échantillon d'autant plus représentatif qu'il se compose de participant·e·s aux revenus, habitudes et lieux de vie divers.
La conclusion est sans appel : le risque de développer une dysménorrhée apparait ainsi davantage présent chez les sujets relativement jeunes dotées de revenus relativement faibles, et s'avérerait surtout jusqu'à 33 fois plus élevé chez les habitant·e·s de zones comportant des taux de polluants atmosphériques importants, soit en ville.
Plus précisément, si l'exposition à long terme au dioxyde d'azote et au monoxyde de carbone contribue sans équivoque à l'augmentation de ce risque, l'effet le plus considérable provient de celle aux particules fines (PM2,5). En France, la moitié des émissions de ces dernières sont dues au secteur résidentiel (chauffage) et plus d'un quart au transport routier (carburant). Un constat qui met directement en cause l'impact de l'activité humaine sur la planète, jusque dans nos règles.
"C'est une illustration claire du besoin d'actions de la part des agences gouvernementales et des citoyens pour réduire la pollution de l'air", conclut le Pr Hsu. Reste à ce que le message, éminemment urgent, soit entendu.