Même en confinement, la mode perdure. Pour s'en assurer, il suffit de jeter un oeil à la dernière Une de l'édition britannique du magazine Vogue. On y découvre une royale Rihanna, arborant avec assurance un très beau durag. Un choix de foulard qui n'a rien d'anecdotique et s'envisage déjà comme un grand geste politique.
Car avec ce look stylé composé par le créateur anglais Stephen Jones, la popstar met en valeur "un puissant symbole de la culture noire", se réjouit le rédacteur en chef afro-américain Edward Enninful. En revendiquant le port du durag, la Barbadienne associe sa visibilité aux grands enjeux de l'inclusion. Pour Vogue, ce shooting est une nouvelle preuve que la chanteuse et girlboss "est une défenseuse de la tolérance".
Une initiative militante.
"On a rarement vu le durag à travers le prisme de la haute couture. Ai-je jamais imaginé que je découvrirai un jour un durag en couverture de Vogue ? Non, lecteur, jamais !", ajoute le journaliste fashion sur Instagram. Et pour cause, puisque tel que le rappelle Vogue, l'apparition de ce foulard nous renvoie à l'ère de l'esclavage. Au XIXe siècle, le durag permet de distinguer les travailleuses noires, dites "inférieures", des autres. Autrement dit, bien avant sa réappropriation par la pop culture, ce bout de tissu est un outil de hiérarchisation et d'oppression sociale.
Pour autant, sa réputation ne va pas forcément s'embellir au gré des siècles. Durant les années 90, il devient l'accessoire fétiche du gangsta-rap et porté par des artistes emblématiques comme Jay-Z. Bien que réapproprié par des créateurs afro-américains, qui en font une force, on lui accole alors une énième étiquette : celle de la fripe pour mauvais garçons. Si bien que son port sera même illégal dans certains lycées américains. Une diabolisation que Rihanna déboulonne en affichant avec fierté et classe "le durag le plus fabuleux, le plus ambitieux et le plus beau, porté par une femme qui brise toutes les limites auxquelles elle se heurte", achève Edward Enninful.
Tel que le rappelle The Independent, ce n'est cependant pas la première fois que Rihanna arbore ce foulard - c'était déjà le cas lors des CFDA Fashion Awards en 2014. Mais là, c'est différent. Pour The Guardian, la chanteuse vient carrément d'entrer dans l'Histoire en devenant la première femme à faire la couv' du Vogue british avec un durag, "ce puissant symbole vestimentaire de la survie et de la célébration de la culture afro-caribéenne". Puissant.