Âgée de 15 mois, Roona Begum était atteinte d'une maladie rare : la circonférence de son crâne avait atteint 94 centimètres de diamètre. Ses parents, extrêmement pauvres et vivant dans une région reculée du nord-est de l'Inde, l'État du Tripura, n'avaient pas l'argent nécessaire pour la faire opérer. C'était sans compter sur l'élan de solidarité internationale qu'a déclenché la diffusion de photos de la fillette par l'AFP au mois d'avril. 52 000 dollars (soit 40 000 euros) ont été collectés, faisant espérer aux parents de Roona sa guérison.
Son opération a eu lieu mercredi 15 mai à New Dehli et a été couronnée de succès. « L'opération s'est déroulée parfaitement, beaucoup mieux que prévu », a déclaré le docteur Sandeep Vaishya à l'issue de son intervention sur la petite Roona Begum. Interrogé en exclusivité par l'AFP à la sortie du bloc opératoire, il a ajouté : « C'est un succès mais il est trop tôt pour dire comme sera la qualité de sa vie future. »
La petite Roona Begum est née avec une grave maladie neurologique, qui a fait augmenter le volume des espaces contenant le liquide céphalorachidien et qui a provoqué une pression sur son cerveau. En a résulté le gonflement de la circonférence de son crâne qui avait atteint, avant l'opération, 94 centimètres, soit deux fois plus que la normale pour un enfant de son âge. Le poids du liquide céphalorachidien représentant la moitié du poids total de la fillette, Roona était dans l'incapacité de se tenir droite ou de marcher à quatre pattes. Sa vision était affectée, ses pupilles étant enfoncées dans leur orbite.
L'opération de Roona Begum n'était pas sans risque. Le docteur Vaishya craignait en effet que son corps ne parvienne pas à absorber tout le liquide lors du processus de dérivation crânienne. De plus, Roona avait développé une infection cutanée, ce qui laissait craindre que l'opération ne transperce le cuir chevelu et que le liquide se répande dans la peau.
A l'issue de l'opération de drainage, Roona est passée de 14 à 10 kilos. « Les muscles de son cou sont très sous-développés, donc elle va avoir besoin d'une meilleure nutrition et d'une kinésithérapie intensive pour être plus solide. Son corps va devoir grandir pour qu'elle puisse s'asseoir et bouger et avoir une vie normale », a expliqué le docteur Vaishya.
Au mois d'avril, la diffusion par l'AFP de photos de la petite fille au crâne hydrocéphale avait provoqué l'émoi dans le monde entier, et poussé les internautes à lancer une campagne de fonds pour financer son opération. Le père de Roona Begum, Abdul Rahman, un paysan illettré de 18 ans qui gagne 150 roupies (soit 2,10 euros) par jour en travaillant dans une fabrique de briques, était en effet dans l'incapacité de financer son opération.
Celle-ci a notamment été rendue possible grâce à la campagne de collecte de fonds lancée par deux étudiants norvégiens. Depuis le mois d'avril, Jonas Borchgrevink et Nathalie Krantz ont récolté 40 000 euros pour aider la famille de Roona à payer ses soins post-opératoires. Ils ont indiqué à l'AFP qu'ils étaient en contact avec un site internet local dans l'Etat du Tripura pour envoyer l'argent à la famille de Roona.
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