C'est la très sérieuse revue International Journal of Molecular Sciences qui publie l'étude faisant état de résultats alarmants. D'après le rapport réalisé par des chercheurs du laboratoire suisse de Cancérogenèse Environnementale, Fondation des Grangettes et de l'université d'Oxford, le chlorure d'aluminium, présents dans les anti-transpirants et dans d'autres cosmétiques, aurait une incidence sur le développement des cancers du sein. Et ce, même dans de basses quantités.
Ainsi, "l'aluminium pénètre dans les cellules mammaires et déstabilise la structure et le nombre des chromosomes", précise le texte, et participerait à entraîner la maladie.
Interviewée par BFMTV.com, André-Pascal Sappino, professeur de faculté en médecine et co-auteur de l'étude, constate : "On observe depuis plusieurs années une épidémie de cancers du sein" et "là, on a tout de même un suspect extrêmement suspect".
Le spécialiste détaille le procédé, réalisé sur des cellules de hamsters. "On a utilisé un modèle complètement validé en toxicologie, employé pour tester des produits cosmétiques". Bilan : les sels d'aluminium échouent au test.
Car voilà, appliqués "même en très petites doses et sur une durée limitée", ils vont "traverser la peau et s'accumuler dans la glande mammaire", explique-t-il. Conséquences : sur les cellules étudiées, les chercheurs ont observé des brisures de l'ADN, "des lésions dans les chromosomes exposés, caractéristiques des tumeurs". Particulièrement alarmant, surtout lorsque l'on a tendance à utiliser quotidiennement les produits qui en contiennent.
Pour les co-auteurs, André-Pascal Sappino et Stefano Mandriota, oncologue à la fondation des Grangettes, il faut non seulement "qu'une attention particulière soit accordée aux conséquences à long terme de l'absorption régulière de faibles doses [d'aluminium] pour la cancérogenèse humaine", écrivent-ils dans l'étude, mais aussi instaurer son interdiction. D'autant plus qu'en 2016 déjà, ils soulignaient, sur des souris cette fois, que chaque animal ayant été exposé au composant développait des tumeurs.
Seulement, s'ils sont "suspectés de pouvoir favoriser le développement de cancers du sein, il n'existe toutefois aucune preuve de l'existence d'un lien entre l'application de déodorants ou d'anti-transpirants et le risque de cancer du sein", affirme l'Institut National du Cancer.
Pour Stefano Mandriota pourtant, ça ne fait aucun doute : "Quand vous voyez des effets pareil à de concentrations qui sont très faibles, alors oui cela fait du souci, et cela justifie à mon avis l'interdiction", lance-t-il au micro de Franceinfo. Et son confrère d'insister : "Ce que l'on souhaite, c'est que l'on arrête de parler d'un métal inoffensif". En France, chaque année, en moyenne 54 000 femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein.