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5 trucs pour lesquels on devrait remercier l'immense Serena Williams
Publié le 31 août 2022 à 11:07
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
L'immense championne Serena Williams a annoncé prendre sa retraite sportive. Du court à l'activisme, voici 5 causes pour lesquelles la tenniswoman se bat, et que son influence a fait avancer.
5 trucs pour lesquels on devrait remercier l'immense Serena Williams
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Ce 29 août, Serena Williams a débuté sa dernière compétition de tennis : l'US Open. La star américaine a annoncé mettre un terme à une carrière colossale (23 victoires en Grand Chelem) pour se concentrer sur d'autres projets. "D'autres chapitres vont s'ouvrir, ce sera Serena 2.0", a-t-elle lancé sur le court après sa victoire face à Danka Kovinic, le 30 août.

Une décision qui réjouit sa fille, a-t-elle glissé dans une longue interview pour le Time, et qui nous donne l'occasion de célébrer son impact au sein de la discipline, mais aussi bien au-delà.

Ses mots déculpabilisants sur la maternité

Serena Williams a donné naissance à sa fille Olympia en 2017. Enceinte de 9 semaines, elle était sur le court de tennis à l'Open d'Australie - qu'elle a remporté. Une puissance physique qu'elle couple à une sincérité désarmante sur le sujet de la maternité, et une envie d'atomiser quelques tabous nocifs.

"J'étais très nerveuse à l'idée de rencontrer mon bébé", avait-elle confié au Elle américain lorsque celle-ci avait 4 ans. "Pendant ma grossesse, je n'ai jamais senti de lien avec elle. Bien que j'aie adoré être enceinte, je ne me suis jamais dit 'oh mon dieu, c'est mon bébé'". Et d'ajouter : "C'est quelque chose dont les gens ne parlent pas, habituellement, car nous sommes censés aimer notre enfant dès ses premières secondes."

Avec ces paroles, Serena Williams entend déculpabiliser celles qui subissent de plein fouet les nombreuses injonctions maternelles. Et ça fonctionne.

Son combat contre le racisme et les violences policières

En novembre 2017, Serena Williams lançait au magazine Wired, dont elle faisait la couverture : "Je suis une femme noire et je suis dans un sport qui n'est pas vraiment fait pour les Noirs. Donc, pour ceux d'entre vous qui sont impliqués dans des mouvements qui prônent d'égalité et la justice comme le mouvement Black Lives Matter, je dis vous dis ceci : tenez bon ! Ne laissez pas ces trolls vous arrêter ! Nous avons vécu tellement de choses pendant des siècles, et nous parviendrons à les surmonter aussi".

Lors du meurtre de George Floyd par un policier américain en 2020, elle expliquait "ne pas pouvoir se taire" face aux violences policières racistes, faisant écho à une citation de Martin Luther King publiée sur sa page Facebook en 2016, lors de la mort de Philando Castile. "Comme l'a dit Martin Luther King : Il vient un moment où le silence vaut trahison. Je ne resterai pas silencieuse". L'athlète y écrivait également craindre que son neveu afro-américain ne soit la prochaine victime de ce fléau.

Sa répartie antisexiste

Visée à plusieurs reprises par des commentaires misogynes, la détentrice de 23 titres en Grand Chelem n'hésite pas à les tacler comme il se doit. En 2019, dans les pages du magazine Harper's Bazaar, elle dénonçait les discriminations sexistes au fil d'un texte aux airs de tribune, et la façon dont on condamne les femmes lorsqu'elles expriment leur colère et leurs émotions. "Pourquoi lorsque les femmes sont passionnées, elles sont qualifiées d'émotives, folles et irrationnelles, alors que les hommes sont perçus comme passionnés et forts ?".

Elle poursuit : "Nous n'avons pas le droit d'avoir des émotions. On nous dit de nous asseoir et de rester silencieuse" déplore-t-elle. Et d'épingler : "C'est honteux que notre société pénalise les femmes simplement parce qu'elles sont elles-mêmes".

On se souvient encore des commentaires du président de la FFT Bernard Giudicelli sur la combinaison qu'elle portait à Roland-Garros en 2018. Combinaison qu'elle surnommait "Wakanda", en référence au film Marvel, Black Panther.

"Je crois qu'on est parfois allé trop loin. La combinaison de Serena cette année, par exemple, ça ne sera plus accepté. Il faut respecter le jeu et l'endroit. Tout le monde a envie de profiter de cet écrin", avait-il osé dans L'Equipe. "Vous pouvez retirer la super-héroïne de son costume, mais vous ne pourrez jamais lui retirer ses super-pouvoirs", avait répliqué Nike, équipementier de la sportive.

Cet engagement féministe, il la suivra dans sa deuxième vie post-tennis, et elle entendait déjà le préciser en 2019. Suite à sa défaite face à Simona Halep en finale de Wimbledon la même année, une journaliste lui demandait ce qu'elle pensait de tous ceux qui préféreraient "qu'elle arrête de se battre pour l'égalité pour mieux se focaliser sur le tennis". Sa réponse ? "Le jour où j'arrêterai de me battre pour l'égalité et les gens qui me et vous ressemblent, je serai dans ma tombe". La messe est dite.

Sa campagne contre les inégalités salariales

Le 31 juillet 2017, à l'occasion de la journée du salaire équitable pour les femmes noires, Serena Williams a publié une tribune dénonçant le racisme et le sexisme dont elle a souffert, ainsi que le façon dont ces discriminations sociétales se répercutaient de manière plus générale sur la rémunération des femmes noires aux Etats-Unis. Rémunération de 17 % moins importante pour elles que pour les femmes blanches outre-Atlantique.

"En grandissant, je me disais que je ne pourrais pas réaliser mes rêves car j'étais une femme, et surtout à cause de ma couleur de peau. J'ai été traitée injustement, j'ai subi des remarques irrespectueuses de la part de mes collègues masculins, et j'ai été sujette à des remarques racistes lorsque j'étais sur le court de tennis", écrit-elle. Et de dénoncer : "Une femme noire touche 37 centimes de moins qu'un homme blanc. En d'autres termes, pour chaque dollar que gagne un homme, une femme noire ne gagne que 63 centimes".

L'inspiration qu'elle incarne

Dans une déclaration relayée par 20 Minutes, la journaliste et proche de Serena Williams Alyssa Roenigk raconte son influence sur des centaines de fillettes qui voient en elles une rôle-modèle, et l'impact sur leur vie.

"Elle a donné des idées, de la force et du courage à ces gamines noires qui allumaient leur télé et voyaient cette femme qui leur ressemble dominer sa discipline, dans un sport qui a très longtemps été l'apanage des blancs", fait-elle remarquer. "Coco Gauff (étoile montante du tennis américain, ndlr) en est le plus récent exemple, mais avant elle Serena elle a influencé tellement de jeunes tenniswomen sur les 25 dernières années, je crois qu'on ne s'en rend pas bien compte." "Elle est la raison pour laquelle je joue au tennis", avait de son côté affirmé l'athlète de 18 ans dans une interview auprès d'ESPN.

Heureusement pour Coco Gauff et tou·te·s les fans de l'icône, celle-ci n'a pas prévu de raccrocher autre chose que sa raquette, bien au contraire. "La retraite ? Je préfère l'évolution permanente", rassure Serena Williams en réaction à un article de Forbes qui évoquait son départ du monde du tennis en ces termes. Evolution que l'on ne manquera pas de suivre rigoureusement, et de soutenir, forcément.

Mots clés
sport Société News essentielles feminisme sexisme Femmes engagées racisme Inégalité salariale
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