Dans le règlement de la multinationale américaine, rien concernant l'uniforme spécifique des femmes n'apparaît. Pourtant, dans tous les restaurants McDonald's de France, le port de la jupe a tendance à être imposé par les managers. Un cas de sexisme systémique contre lequel le collectif McDroits, qui défend les employé·e·s du groupe, a voulu se battre.
En mars par exemple, ses membres recouvraient plusieurs établissements et leurs alentours de collages sur lesquels on pouvait lire "Ici, on force les salariées à porter une jupe. McDo macho" ; "Managers agresseurs, McDo complice" ; "Trans à McDo, c'est chaud", rapporte Mediapart. A l'automne, l'organisme manifestait devant le siège français, situé dans les Yvelines.
Après plusieurs mois de pression, ils·elles ont obtenu gain de cause. "La direction a envoyé un recommandé à tous les restaurants d'Île-de-France afin d'expliquer que le port de la jupe ne devait pas être imposé aux salariées par leurs supérieurs hiérarchiques", explique Maylis, porte-parole de McDroits, au réseau de médias indépendant Euractiv, ce 17 novembre. "McDonald's s'est aussi engagé à généraliser ça partout en France par la suite, puis ailleurs en Europe."
Autre avancée, celle de l'élaboration de formations pour prévenir le harcèlement sexuel destinées aux salarié·e·s. Seulement, la porte-parole tempère : "C'est une semi-victoire", selon elle. "Les formations en question sont certifiantes mais elles jouent sur les mots. En réalité, elles certifient simplement que le manager a été formé, mais pas que la formation en elle-même a été certifiée par un organisme spécialisé sur les questions de harcèlement sexuel ou de comportements sexistes".
McDroits exige dont que ces formations soient "co-construites avec des salariés et des associations expertes. Pas qu'elles se résument à la lecture d'un PDF avec un QCM bouclé en 30 minutes comme c'est le cas actuellement". Car visiblement, cela ne suffit pas.
En octobre dernier, Mediapart révélait les témoignages de dizaines d'employé·e·s détaillant des faits de harcèlement sexuel, de harcèlement moral, de discrimination. Et aussi d'agressions sexuelles et de viols.
"Je me retrouve seule avec P. Il me parle de ma poitrine, il me touche les seins, alors que je répète que je ne veux pas et que je le repousse", raconte une jeune femme. "J'ai peur qu'il se venge de mon refus au travail (...). Puis il se met derrière moi. Il retire ma culotte et il me doigte, toujours sans mon accord. J'étais pétrifiée, je ne voulais pas, je n'arrivais plus à parler". Une autre salariée dénonce cette fois le racisme qui y règne : "En gros, si tu étais une fille blanche, tu étais en caisse. Si tu étais un homme et racisé, tu étais en cuisine".
Streetpress disséquait les récits : "Dans le détail, 37 ont subi des harcèlements sexuels (48,7 %), 32 ont enduré du harcèlement moral (43,6 %), qui dans de très nombreux cas a provoqué des dépressions. Neuf racontent des faits qui peuvent être qualifiés d'agression sexuelle (12,8 %)". Des chiffres auxquels le groupe avait répondu d'abord par une vidéo reprenant les résultats d'un sondage positif sur l'entreprise.
Interrogé par RSE Magazine le 5 novembre, le directeur des ressources humaines de McDonald's France, Salime Hassam, précise ensuite qu'actuellement, "dès qu'un comportement déplacé est détecté ou fait l'objet d'une alerte, la direction des restaurants lance une enquête interne. (...) Mais là encore, nous sommes déterminés à faire plus et mieux pour protéger tous les salariés." Tant mieux, mais quand ?