"Journée internationale du droit des femmes. Dédicace à tous ces hommes sans qui rien n'aurait été possible. Jules Ferry, enseignement laïc et obligatoire. Jean Jaurès, favorable au suffrage féminin. Adoption du droit de vote et d'éligibilité des femmes sous Charles de Gaulle..." Voilà les mots hallucinants qu'a postés le compte de la police nationale du Puy de Dôme, ce 8 mars 2022.
Ici, pas question de mentionner de grandes femmes qui ont fait l'Histoire, ni de dresser un bilan des combats menés par les associations féministes (l'espoir fait vivre), mais bien de délivrer une liste de mecs blancs décédés à qui on devrait tout.
Assez d'insolence, de sexisme et d'ignorance pour déclencher un tollé en ligne et au-delà - et c'est tant mieux.
"Dire que ce sont les hommes qui luttent pour les droits des femmes, c'est comme affirmer que ce sont les blancs qui ont mis fin à l'esclavage", dénonce la journaliste féministe Laetitia Reboulleau.
"On passe notre temps à dire que les femmes sont effacées de l'histoire", déplore la militante clermontoise Karine Plassard auprès de France 3. "Aujourd'hui, c'est une journée importante. Trouver le moyen de mettre en avant des hommes, qui quand bien même se seraient engagés dans la question de la lutte des femmes, cela me dépite. Il y a tellement de femmes qui se sont engagées sur ces sujets-là et c'est l'occasion de parler d'elles."
C'est dommage, la première phrase ne partait pas trop mal, si on y réfléchit (et qu'on passe outre le fait que les forces de l'ordre ont l'air d'estimer que les femmes se battent pour un droit, un seul, un unique).
Après "Journée internationale du droit des femmes", on aurait pu imaginer que la police nationale ait soudain une illumination et décide, à l'occasion de ces vingt-quatre heures si symboliques, d'annoncer une réforme qui obligerait ses agent·es à être scrupuleusement formé·es à l'accueil de victimes de violences sexistes et sexuelles, par exemple. Ou encore, de déclarer que les policiers condamnés pour violences conjugales ne seraient, à partir de maintenant, plus en fonction passé le verdict.
Force est de constater qu'on peut toujours rêver.
Le post a été rapidement effacé, et la police nationale du 63 ne semble pas tout à fait saisir pourquoi.
"On nous a demandé de supprimer le tweet. On a fait ce tweet pour la journée de la femme. Le message initial était pour rendre hommage aux droits de la femme", affirme le service communication. "On voulait dire qu'il y a aussi eu des hommes qui ont combattu à côté des femmes pour obtenir les droits qu'elles ont aujourd'hui. C'est un rappel historique. L'idée était de susciter la curiosité des jeunes".
Des jeunes qui, semble-t-il ici encore, ont bon dos.