C’est dans la nuit de jeudi à vendredi que les dirigeants européens ont conclu un accord surprise en adoptant plusieurs mesures de stabilisation financière destinées à relancer l’économie de la zone euro et en optant pour un pacte de croissance qui réinjectera 120 milliards d’euros. L'Espagne et l’Italie attendaient particulièrement beaucoup de ce sommet européen et n’ont pas hésité à entamer un bras de fer, conditionnant leur accord au pacte de croissance européen à la mise en place de mesures de court terme pour leur venir en aide.
Recapitalisation des banques
Ainsi, suite à des débats serrés, le président de l'UE Herman Van Rompuy a annoncé vendredi matin la mise en place d'ici fin 2012 d'un mécanisme permettant de recapitaliser directement les banques, sous certaines conditions, via les fonds de secours FESF et MES. « Quand ce sera prêt, le Mécanisme européen de stabilité (MES) pourra avoir la possibilité de recapitaliser directement les banques », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Par ailleurs, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a précisé qu’un mécanisme unique de supervision financière sera mis en place, dans lequel « la Banque centrale européenne jouera pleinement son rôle ».
En outre, Mario Monti a annoncé qu’ « à la demande de l'Italie a été introduit, après une longue discussion, un paragraphe (...) pour des mécanismes de stabilisation des marchés pour les États qui respectent les recommandations faites à leur pays ainsi que le pacte de stabilité », et qui peinent malgré tout à se financer sur les marchés en raison de taux prohibitifs. Une mesure dont le président du conseil italien se réjouit, car « c'est le cas pour l'Italie en ce moment ».
Le pacte de croissance de François Hollande adopté
Quant au pacte de croissance cher à François Hollande, qui en avait fait l’un de ses chevaux de bataille durant sa campagne présidentielle, il passera par une augmentation de la capacité de prêt de la Banque européenne d'investissement (BEI) de 60 milliards d’euros, 55 autres milliards venant de la réaffectation de fonds structurels non utilisés, et 5 milliards de « project bonds » lancés « à l'été » pour financer des infrastructures de transport et d'énergie. La chancelière allemande Angela Merkel avait également besoin de son côté de voir ce pacte adopté, sous peine de ne pas obtenir les voix de l'opposition SPD et verte vendredi lors du vote sur le pacte de discipline budgétaire au Bundestag.
M. Van Rompuy a par ailleurs annoncé qu’à plus long terme, les dirigeants européens avaient donné leur accord pour une feuille de route ayant pour but de renforcer l'union économique et monétaire de la zone euro. Une consolidation qui reposerait sur quatre « piliers » : un cadre financier, un cadre budgétaire, un cadre en matière de politique économique et un renforcement du contrôle démocratique.
Crédit photo : AFP/ Le président de l'UE Herman Van Rompuy et le Premier ministre italien Mario Monti (d), le 28 juin 2012 à Bruxelles.
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