Un peu de riz vinaigré, une tranche fine de poisson cru, quelques gouttes de sauce soja, le tout sans faire appel à la technique d’un maître sushi : telle est la recette du succès selon Stéphanie Hamelin, fondatrice de la franchise Esprit Sushi. Son idée ? Distribuer aux restaurateurs des concepts clef en main destinés à la fabrication de sushis et de makis. « L’idée est venue lors d’un voyage professionnel au Japon, où j’ai découvert des machines qui permettaient d’industrialiser la conception des sushis », raconte l’entrepreneuse. La cuisine japonaise rapide et légère est en plein boum en France et Stéphanie Hamelin sait qu’elle tient là un produit au succès assuré. « Cela me tenait à cœur depuis un moment de créer ma propre entreprise. C’était une bonne opportunité pour me lancer », se souvient-elle.
Avec ses deux associés, elle base la stratégie commerciale d’Esprit Sushi sur l’ouverture de points de vente dans les villes moyennes. Pari gagnant ! Aujourd’hui la franchise compte une trentaine de salariés, avec 45 kiosques et restaurants ainsi que 350 corners installés chez les restaurateurs en France et à l’étranger, et propose en parallèle un service de livraison à domicile et de traiteur. « Nous sommes également en train de développer un nouveau concept sous la marque Verygyoza, autour d’un nouveau produit, les raviolis japonais », confie la fondatrice, alors qu’Esprit Sushi a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 millions d’euros en 2011. « La mayonnaise a pris tout de suite, avec un réel enthousiasme pour notre produit », se réjouit Stéphanie.
Il faut dire qu’Esprit Sushi, c’est un peu son « bébé » depuis sa création en 2008. Même s’il faut « trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle », la chef d’entreprise l’assure : sa priorité a été d’être toujours disponible à « 100% » pour sa boîte. « J’ai certainement trouvé cette conciliation plus facile à gérer que d’autres femmes car je n’ai pas d’enfants. » Du côté des équipes chacun s’organise en fonction de ses impératifs. « Quand quelqu’un a un besoin personnel, je sais répondre à ses demandes, c’est un échange », assure Stéphanie. Et quand on lui pose la question du management au féminin, elle imagine que la différence est surtout de l’ordre de « la prise de recul ». « Les managers femmes me semblent être plus dans l’anticipation que les hommes », analyse-t-elle, avant d’ajouter : « C’est bien, nous sommes complémentaires ». Elle a d’ailleurs bénéficié des conseils de plusieurs mentors, tant masculins que féminins, qui lui ont apporté de précieux enseignements au long de son parcours de jeune entrepreneuse. « La première chose que j’ai retenue et que je répète aux jeunes femmes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est que l’on n’arrive à rien sans travail. » Autre leçon à transmettre : être à l’écoute des clients. « J’ai appris que la priorité était de pouvoir répondre à 100% à leurs demandes », souligne Stéphanie Hamelin.
Autant de conseils qu’elle tente d’appliquer au quotidien, et qu’elle échange dans le cadre de ses rencontres avec d’autres entrepreneurs. « Si je ne collabore pas à un réseau de femmes proprement dit, je participe au quotidien à des réseaux en étant membre de Bpifrance EXCELLENCE. Cela donne lieu à beaucoup d’échanges et de concertation, on discute surtout des difficultés économiques », explique-t-elle. Parmi les thèmes également traités : celui de l’échec. « C’est un sujet délicat à aborder en France contrairement aux États-Unis où il est synonyme d’expérience. Et pourtant, c’est en connaissant des échecs que l’on apprend à s’en prémunir », assène l’entrepreneuse.
Après 5 ans à la tête de son entreprise, Stéphanie Hamelin peut valoriser certains domaines d’expertise, qu’elle n’hésite pas à mettre en avant lors de ces échanges. « J’ai développé mes compétences en management, que je ne maîtrisais pas forcément au début », confie-t-elle. Autre domaine d’expertise acquis avec l’expérience : celui de la stratégie d’entreprise. « J’ai appris qu’il était important de savoir aborder la stratégie économique de l’entreprise, au-delà de la seule question du chiffre d’affaires. » Faire attention à l’évolution de la structure, savoir constamment innover dans les produits, apprendre à se renouveler... « Ce sont tous ces détails qui permettent de devancer la concurrence. Et d’être le premier en permanence », conclut-t-elle en souriant.