On l'a souvent dit et à raison : le télétravail généralisé en période de confinement n'a pas toujours été bénéfique pour la santé mentale. Surtout pour celle des femmes, dont la charge s'est d'autant plus alourdie - à deux doigts du burn out. Marlène Schiappa l'a d'ailleurs déploré : "Les femmes et les hommes ne vivent pas le même confinement", et les premières souffrent d'un "épuisement silencieux". Silencieux, mais bel et bien là.
Mais en parallèle de cette dimension "humaine", de nouveaux chiffres viennent désormais enrichir la réflexion nationale autour du télétravail. Selon une étude du cabinet Valoir, cette période exceptionnelle de travail à domicile aurait engendré une baisse de productivité des travailleurs de seulement 1 % en quelques mois. Et de 2 % quand il est question des parents télétravailleurs, devant pourtant jongler entre enfants et vie professionnelle.
Or, le verdict est moins clément lorsqu'il est question des salarié·e·s sans enfants : leur productivité aurait baissé de 3 % au gré de ces longues journées de télétravail. Contre toute attente, la responsabilité parentale n'aurait donc pas de fâcheuses incidences sur l'efficacité et le rendement du travail produit. Qui l'eut cru ?
"Les personnes qui ont été vraiment touchées étaient celles qui travaillaient seules sans personne d'autre dans leur maison", détaille en ce sens Rebecca Wettemann, la présidente-directrice générale du cabinet Valoir.
Et pourtant, si l'on en croit encore ce rapport factuel, les enfants constituent pour pas moins de 24 % des télétravailleurs l'une des principales sources de distraction durant le télétravail, aux côtés des réseaux sociaux - évoqués par 32 % des principaux concernés. Un chiffre qui incite à relativiser : oui, qui dit parents, télétravail et confinement ne dit pas forcément baisse de la productivité, mais cette polyvalence forcée est loin d'être évidente.
Rappelons que selon les chiffres relayés par ZdNet, les parents consacreraient au moins 2,3 heures par jour à leurs enfants sur quasiment dix heures de travail cumulées - 9,75 pour être plus précis. Soit plus d'un cinquième de leur journée "active"... C'est en partie pour cela que la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes/hommes en appelle à une "nouvelle solidarité au sein des couples", plus que souhaitée dans le "monde d'après".
Une solidarité qui passerait notamment par la prise en charge plus égalitaire des enfants mais aussi des tâches ménagères, cette grande source d'écarts genrés. "Il serait souhaitable avec cette crise de beaucoup moins nous juger les uns les autres et essayer davantage de nous comprendre. Les hommes qui prennent en charge plus de tâches domestiques doivent poursuivre leurs efforts", assure à ce titre Marlène Schiappa.
Des recommandations nécessaires pour se rappeler que derrière le poids (ou la légèreté) des chiffres ce sont bien des problématiques sociales - et féministes - qui se posent. Et prêtent forcément à l'introspection.