En pleine polémique sur les enregistrements clandestins de Patrick Buisson à l'Élysée et sur « l'affaire Copé » révélée la semaine dernière par Le Point, voilà une nouvelle controverse qui, cette fois-ci, vise la secrétaire générale de l'UMP Michèle Tabarot. Également maire de Cannet, une petite ville des Alpes-Maritimes depuis 1995, Michèle Tabarot aurait, selon Médiapart, délibérément organisé de faux témoignages devant les caméras du journal télévisé de TF1 afin de conforter le bilan de la police municipale.
Selon les informations du pureplayer, le chef de la police municipale du Cannet Alain Cherqui aurait, à la demande de la maire de la ville, orchestré à plusieurs reprises de faux témoignages, « déguisant » pour les besoins du reportage des membres du commissariat en civils.
La dernière mise en scène remonte, d'après Médiapart, au 20 février dernier. Ce jeudi, le journal de 13 heures diffuse, comme un grand nombre de JT, un reportage sur le tout nouveau « police drive » mis en scène par le commissariat de Cannet, et qui permet de porter plainte ou de faire une demande administrative sans quitter son véhicule. Interviewés par la chaîne télévisée, les habitants de Cannet se montrent enthousiastes. Une habitante notamment, ne cache pas son engouement pour le concept : « Comme je suis une femme seule, si je suis poursuivie, je viens directement ici », explique-t-elle face caméra.
Problème de taille, pour la mairie du Cannet : ce témoignage, comme beaucoup d'autres, aurait largement été soufflé par Alain Cherqui. Interrogée par Médiapart, l'habitante du Cannet explique que le chef de la police lui a fait « signe de venir ». « Il m'a dit : "Vous pouvez faire une démonstration? Vous reculez, vous ré-avancez et vous appuyez sur le bouton". Il m'a dit "Vous êtes une femme seule. Vous voyez, c'est une bonne idée, ça apporte un plus au Cannet". Je devais montrer que c'était très bien. J'ai fait ce qu'il m'a dit car la police, c'est la police ». Elle précise : « À aucun moment, il ne m'a dit que c'était pour TF1. »
Reportage de TF1 sur le « Police Drive » par Mediapart
Loin d'être une exception, ce « coaching » des habitants de Cannet s'accompagne d'une pratique encore plus malhonnête : l'utilisation de faux témoignages pour flatter la police de Cannet. Des policiers municipaux ont ainsi admis avoir été mobilisés à de nombreuses reprises par leur chef de service pour « bidonner » des reportages. Ils se faisaient passer pour des civils et ce « avec la complicité du journaliste de TF1 ». « Tout était simulé, raconte un membre du commissariat de Cannet. Le lendemain, on en parlait avec les collègues au bureau, on en rigolait ! » « Les rôles étaient distribués. "Toi tu fais le policier", ou bien on faisait la logistique, en bloquant la route si nécessaire. À l'époque des élections, cela se faisait beaucoup », commente un de ses collègues.
Contacté par Médiapart, la municipalité de Cannet n'a pas souhaité réagir. Du côté de TF1, on récuse en bloc les accusations portées dans l'article. Dans un entretien accordé au Figaro, le directeur adjoint de l'information de TF1 Nicolas Charbonneau dédouane la rédaction de la chaîne, expliquant que ce sont des journalistes de « Nice Matin qui font des reportages pour TF1 ». Il explique ensuite : « Encore une fois, il n'y a pas de piège, pas de caméra cachée, pas d'interview qui ait été briefée, pas de texte qui ait été dicté. [...] Je peux vous assurer qu'il n'y a pas de bidonnage. » Avant de conclure : « Que Médiapart remonte des sujets réalisés en 1998 et 2002 pour dire que TF1 serait complice de la police municipale du Cannet, je trouve ça absolument insultant pour le travail des journalistes de TF1. »