C'est l'affaire qui agite les Berlinois·e·s, leur faisant, entre autres, craindre un retour à la pudibonderie des années 30, rapporte Libération. Le 20 juin dernier, une Française et son fils de 6 ans se sont rendus à la pataugeoire du parc de Treptow, situé au bord de la Sprée, la rivière qui traverse la ville. La mère, installée en maillot de bain sur sa serviette, est rapidement interrompue dans ce moment de détente à l'heure du déjeuner par deux agents de sécurité.
En cause ? Elle fait du topless, et les deux hommes lui demandent de se couvrir prestement. "Ce n'est pas dans une zone naturiste", rétorquent-ils à celle qui requiert des explications. "Mais, je ne suis pas nue. Je porte un maillot de bain", lance-t-elle. "Vous avez des seins, ça dérange", répondent encore les employés municipaux, qui argumentent en mentionnant la "présence d'enfants". Elle ne se démonte pas, estimant qu'il est particulièrement injuste qu'on lui demande de s'habiller davantage alors que les hommes peuvent rester torses-nus.
"Ce n'est pas pareil. Vous êtes une femme. Vous mettez un soutien-gorge ou bien vous sortez", concluent-ils avant d'appeler la police. Laquelle ne se montre pas moins sexiste : elle ordonne carrément à la jeune femme de partir dans les 5 minutes. Elle obéit, sortant du lieu public avec son enfant, tous deux marqué·e·s par l'événement. "Quand je les ai vus, je pensais qu'ils venaient pour me protéger. La police est plutôt cool, en Allemagne. Mais c'était pour me virer", confie-t-elle au journal français. "Là, j'ai été clairement victime d'une discrimination".
Au commissariat comme à la mairie, on ne réussit pas à mettre un terme sur l'infraction supposément commise par la Française. Pire, on évoque un panneau d'interdiction aux seins-nus qui, en réalité, n'existe pas. Finalement, c'est la municipalité qui, après avoir présenté des excuses pour la "communication inappropriée" de ses agents, confirme un "trouble à l'ordre publique" et une pratique de "naturisme". Ce qu'elle réfute. "Si cela gêne les autres, ce n'est pas mon problème. C'est le leur. Mes seins sont sexualisés, c'est insupportable".
L'avocat en droit pénal Alexander Pabst qualifie quant à lui cette accusation de tout simplement "absurde". Heureusement, "la vague de soutien a été immense sur les réseaux, venant de tous les âges et de toutes les cultures", assure la victime d'un double standard ahurissant. Double standard qu'elle souhaite d'ailleurs combattre, en invoquant la justice pour combler un vide juridique, mais aussi en créant le mouvement "Egalité des poitrines".
En 2021, force est de constater qu'on en est encore terriblement loin.