"Faire son coming out est difficile. Comme j'ai vécu en tant que personne ouvertement trans avec les personnes que j'aime le plus pendant de nombreuses années, je me suis toujours demandée quand je pourrais enfin faire mon coming out publiquement". Elle est pudique et sensible, cette publication de Rebecca Quinn, joueuse de l'équipe nationale canadienne de football. Sur Instagram, la jeune athlète olympique de 25 ans a délivré un très touchant coming out transgenre.
Une libération de la parole qui compte, surtout au sein d'un milieu où les voix des personnes LGBTQ peinent encore à se faire entendre. Sportive reconnue (elle a remporté la médaille de bronze du tournoi féminin aux Jeux olympiques d'été de 2016 avec son équipe de foot), Rebecca Quinn met d'ailleurs l'accent sur un éveil des consciences qu'elle juge nécessaire. Son message, elle l'adresse ainsi aux allié·e·s qui la lisent, c'est-à-dire à toutes celles et ceux qui seraient susceptibles de soutenir les plus marginalisé·e·s.
"Suivez et écoutez d'autres voix trans, et privilégiez l'utilisation de pronoms neutres avec vos ami·e·s.", leur prescrit par exemple l'athlète olympique. Des recommandations salutaires au sein d'un réseau social où la visibilité des personnes transgenres s'améliore de jour en jour. N'en déplaisent aux transphobes.
"Je veux être visible pour la communauté queer, qui n'a pas l'habitude de voir des gens comme moi ici", poursuit la sportive, invitant encore ses lectrices et lecteurs cisgenres "à devenir de meilleurs allié·e·s". Ecouter les principales concernées (les personnes LGBTQ), partager leurs voix et défendre le respect de leurs droits, est un engagement qui n'a rien de simple et "ne sera pas parfait", précise la championne. Mais cela en vaut carrément la peine. "Si je peux encourager ça, alors c'est un bon début", conclut-elle d'ailleurs avec optimisme.
Un message qui fédère. "Bien qu'en 'work in progress', je suis motivée pour apprendre et soutenir !", témoigne d'ailleurs une internaute dans les commentaires. D'autres saluent ce post à grands coups d'emojis "rainbow flag". D'autres commentateurs encore, dont on se serait bien passé, jugent la sportive "anormale" puisque "née avec le sexe masculin". Preuve en est que la route sera encore longue pour bousculer les consciences.
Ces dernières années, la parole transgenre s'est (un peu) plus libérée dans le milieu sportif. Par exemple le témoignage de Kaig Lightner, l'entraineur et manageur du Portland Community Football Club, qui expliquait en 2017 : "Je suis transgenre, ce qui veut dire que je suis né fille et que j'ai donc été élevé comme une fille. Je pense qu'il serait bon [pour les jeunes que j'entraîne] de voir quelqu'un qu'ils respectent assumer sa transsexualité J'espère que ce coming-out poussera les gens à s'interroger sur le genre".
Il y a également les mots importants du triathlète transgenre Chris Mosier (premier athlète transgenre à atteindre un niveau de triathlon olympique) auprès du New York Times : "Je n'ai pas la possibilité de me taire, car le moment est plus que jamais venu de prendre la parole". Prendre la parole, quand on en a la force, mais également la laisser se déployer et la défendre publiquement, c'est là l'un des grands enjeux de notre société.