Vous êtes une femme, et vous vous caillez sérieusement au travail ? C'est normal. Des études ont effectivement démontré que la sensibilité au froid fluctuait dramatiquement selon les genres. Comment l'expliquer ? C'est simple : le corps des femmes produirait naturellement moins de chaleur, de par sa constitution moindre en muscles, et supérieure en couche graisseuse, par rapport à l'organisme des hommes - les muscles générant plus de chaleur que la graisse.
Et c'est là que se pose un sérieux souci : le réglage de la température dans la plupart des bureaux est basé... sur la sensibilité masculine, qui constituerait la norme. Le réglage en question avoisinerait en conséquence les 22 degrés. C'est pour cela que les femmes, pour qui la température idéale serait davantage à chercher entre 24,5 °C et 26 °C, vont logiquement s'avérer plus frileuses en entreprise en plein hiver. Et notamment lorsqu'il est question, comme cette année, de baisser le chauffage afin de ne pas dépasser les 19°C, suivant les recommandations du gouvernement dans le cadre du plan de sobriété énergétique.
La question des masses musculaires et graisseuses ne serait pas la seule à prendre en compte. Ce sont également les hormones qui rentrent en jeu. Comme l'évoque Dimitra Gkika, maîtresse de conférences en physiologie à l'université de Lille, auprès du Monde, des expériences ont déjà été menées en ce sens sur des rats, prouvant que l'absence de testostérone exacerbait la frilosité des rongeurs. Frilosité, ou plutôt thermosensation : ce qui caractérise notre sensibilité aux changements de température. Cette influence hormonale explique pourquoi les hommes vieillissant ont plus froid, le taux de testo baissant avec l'âge.
Des notions peu prises en compte dans le domaine professionnel hélas. Une enquête américaine menée auprès de 38 851 personnes dans 435 bâtiments répartis dans 168 villes a effectivement révélé que 38 % des personnes interrogées étaient insatisfaites de la température dans leurs bureaux. 76% d'entre elles étaient des femmes, jugeant naturellement l'atmosphère "trop froide".
Pas si étonnant quand on sait que les bâtiments du monde entier respectent une norme de température issue d'un modèle développé dans les années 1960 par une association américaine d'ingénieurs.
Le modèle tient compte de facteurs tels que la température extérieure, la vitesse de l'air, l'humidité relative, les vêtements et la vitesse à laquelle notre corps produit de la chaleur, à savoir notre métabolisme. Le seul problème est qu'il est établi pour... le métabolisme moyen d'un homme, et non pour celui d'une femme, comme le note One News. D'ailleurs, lorsque les chercheurs ont recalculé le modèle en fonction du métabolisme moyen de la femme, ils ont constaté que les températures standard étaient nettement plus basses.
Un fait qui peut avoir de malheureuses conséquences : des difficultés à se concentrer, à éprouver du bien-être au travail, à être plus productif dans un domaine déjà traversé de multiples disparités, comme l'inégalité salariale.
Une étude de l'université Cornell a ainsi révélé que lorsque la température d'un bureau était de 20C°, les employées commettaient 44% d'erreurs en plus et étaient deux fois moins productives que lorsqu'il faisait plus chaud, à 25C°.