Une conférence de presse à Kyiv s'est tenue ce 3 mai avec Olha Stefanishyna, vice-première ministre ukrainienne chargée de l'intégration européenne et euro-Atlantique, et Pramila Patten, représentante spéciale des Nations unies sur les violences sexuelles en temps de guerre. Au micro, cette dernière a affirmé avoir "reçu des rapports, qui n'ont pas encore été vérifiés, concernant des cas de violence sexuelle contre des hommes et des garçons en Ukraine".
Une tragédie qui rejoint les cas déjà nombreux de viols de femmes ukrainiennes par les soldats russes. "Il est difficile pour les femmes et les filles de signaler [le viol] en raison de la stigmatisation, entre autres, mais il est souvent encore plus difficile pour les hommes et les garçons de le faire", ajoute-t-elle, exhortant à "créer cet espace sûr pour que toutes les victimes puissent signaler les cas de violence sexuelle."
Pramila Patten a également prévenu que les dizaines de cas de violences sexuelles qui font l'objet d'une enquête à ce jour "ne représentent que la partie émergée de l'iceberg". En réponse à ces crimes, elle implore deux choses : aux survivant·es de se manifester, et à la communauté internationale de trouver les auteurs et de les tenir pour responsables. "Les documents d'aujourd'hui seront les poursuites de demain", a-t-elle déclaré.
"Tous les signaux d'alerte clignotent au rouge en Ukraine, avec des allégations de violences sexuelles brutales qui émergent", a encore insisté la représentante de l'ONU. Pour exemple, la commissaire aux Droits de l'Homme du pays, Lyudmila Denisova, a officiellement documenté l'horreur vécue par 25 femmes qui ont été gardées dans une cave et systématiquement violées à Boutcha, dans la banlieue de la capitale.
Pendant trop longtemps, a condamné Pramila Patten à Kyiv, le monde a permis que la violence sexuelle soit déployée comme une arme "bon marché", silencieuse et efficace contre des communautés entières. "Bon marché, car elle ne coûte rien. Très efficace, car elle ne touche pas seulement la victime, mais des familles entières, des communautés", a-t-elle constaté. Et de conclure : "C'est une guerre biologique. C'est une guerre psychologique".
Aujourd'hui, informe le Guardian, les enquêteurs ukrainiens ont déjà identifié des soldats russes qu'ils accusent d'être responsables de crimes de guerre, y compris de violences sexuelles. Un mandat d'arrêt a également été lancé contre un homme accusé de viol.