Plus de 10 000 personnes sont tuées chaque année dans des fusillades de masse aux Etats-Unis. Un mois après celles de Las Vegas, qui a fait 59 morts et plus de 500 blessés, et de église de Sutherland Springs, au Texas, qui a coûté la vie à 26 personnes début novembre, l'école primaire chrétienne de Floride a commencé à commercialiser des panneaux balistiques à accrocher sur les cartables des enfants.
Pour le directeur de l'école George Gulla, ces panneaux pare-balles serviraient à ajouter "un autre niveau de protection" aux élèves "en cas de tireur actif". Car si aucune fusillade n'a eu lieu dans cet établissement, celle survenue le 14 novembre dernier dans une école primaire de Californie et qui a fait 5 morts et 10 blessés, parmi lesquels figuraient des enfants, met en évidence une effroyable réalité : les enfants sont également des cibles potentielles.
En vertu de cette 390e fusillade de masse de l'année et face à l'indifférence du gouvernement américain en matière de vente d'armes, la direction de cette école a choisi de renforcer ses mesures de sécurité avec ces panneaux vendus à 120 dollars l'unité, soit 101 euros. De leur côté, "les enseignants sont formés pour apprendre aux élèves à utiliser leur sac à dos comme bouclier", explique le directeur à CNN.
Selon le site GunViolenceArchive.org, 52 000 drames en lien avec des armes à feu se sont produits depuis le début de l'année 2017 aux Etats-Unis, causant la mort de plus de 13 000 personnes et en blessant plus de 27 000 autres. En 2016, 15 084 victimes mortelles avaient été recensées.
Une étude alarmante réalisée l'année dernière par l'Université d'Harvard avance que la population adulte américaine serait en possession de 265 millions d'armes, mais que 78% d'entre eux n'en posséderaient pas. Le constat est simple : environ 132,5 millions de personnes adultes posséderaient donc en moyenne plus de 17 armes chacune. La situation est telle qu'une industrie du pare-balles a émergé depuis peu aux Etats-Unis. Il est désormais possible d'acheter des cahiers, des mallettes d'ordinateur, des meubles et même des vêtements pare-balles.
Chaque fusillade ravive le débat sur les lois encadrant le port d'arme outre-Atlantique. Mais le sujet est complexe. Car si des textes encadrent la vente, la possession et le port à l'échelle fédérale, la situation varie ensuite d'un Etat à l'autre. En Alaska, dans le Kentuky, le Nevada (où la fusillade de Las Vegas a eu lieu) ou au Texas par exemple, la possession d'une arme ne nécessite ni permis, ni vérification des antécédents, ni enregistrement de l'arme.
Une infographie réalisée en octobre dernier par Le Figaro avance que les Etats dans lesquels le contrôle est le plus strict sont ceux qui enregistrent le moins d'incidents. Le Massachusetts, par exemple, impose à une personne voulant se procurer une arme à feu d'avoir un permis, de la faire enregistrer, de faire vérifier ses antécédents et dispose d'une loi sur les armes d'assaut. Seulement 3 morts pour 100 000 habitants ont été recensés en 2016 dans cet Etat.
Mais ces résultats n'ont su faire infléchir la position de Donald Trump. Fervent défenseur du port d'arme durant sa campagne, le président américain n'a pas dit mot sur le sujet ces derniers mois. Selon la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders, un tel débat serait même "prématuré". Une inévitable question se pose alors : comment le président d'un pays comme les Etats-Unis, où sont massacrées chaque année des dizaines de milliers de personnes, dont des enfants, peut-il fermer les yeux sur un problème aussi grave ?
Réponse : Donald Trump, qui s'est toujours dit "opposé" au contrôle des armes, avait cependant soutenu l'interdiction de la vente de fusils d'assaut, ainsi qu'un "léger allongement du délai d'attente pour acheter une arme". Mais en avril 2015, alors que sa candidature aux primaires républicaines n'était pas encore officielle, le milliardaire avait reçu le soutien de la National Rifle Association (NRA), puissant lobby des porteurs d'armes, qui avait signé un chèque de 30 millions de dollars pour financer sa campagne. Trump avait besoin de soutien, la NRA d'un président qui ne lui mettrait pas de bâtons dans les roues, le coup de foudre a été immédiat. Et les dégâts considérables.