Vous rappelez-vous l'histoire d'Hansel et Gretel ? Un brin effrayant quand on est enfant, ce conte raconte les mésaventures d'un frère et d'une soeur abandonnés par leurs parents pauvres dans une forêt sombre et inquiétante. Recueillis par une vieille dame dont la maison est faite en pain d'épice, les enfants déchantent quand ils réalisent que leur sauveuse est en fait une sorcière qui a pour projet de les manger tous crus. Après moult péripéties, la vieille cannibale finit rôtie au four et les enfants retrouvent leurs parents indignes après avoir dérobé des pièces d'or.
Ça, c'est la version classique du conte des frères Grimm. Dans la version made in NRArepérée par le Washington Post, Hansel et Gretel ont été initiés au maniement des armes et à la survie dans les bois par leurs parents (probablement électeurs de Donald Trump) et parviennent à maîtriser la sorcière en la tenant en joue avant de libérer tous les enfants qu'elle gardait prisonniers.
Car chez les partisans de la National Rifle Association, le puissant lobby pro-armes à feu américain, on ne rigole pas avec le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis. Très attachés au droit de porter une arme à feu pour leur "protection personnelle", les membres de la NRA mettent un point d'honneur à recruter des adhérents de tous horizons et de tous âges. Après avoir commercialisé des guns roses ou format miniature pour les mineurs, voilà que les lobbyistes viennent de mettre en ligne dans la section "famille" du site de la NRA des versions revisitées des contes de fées. Dans ces versions "pro-armes", le Petit Chaperon rouge et sa Mère-Grand, tout comme Hansel et Gretel, sont armés de fusils de chasse et mettent en déroute le loup et la sorcière.
Mais quel est l'intérêt de réécrire les contes de Perrault et des frères Grimm à la sauce NRA ? Pour l'auteure de ces contes revisités Amelia Hamilton, il est tout simple : recruter dès le plus jeune âge de nouveaux militants pro-armes, même si elle met surtout en avant l'argument sécuritaire.
"Le Petit Chaperon rouge aurait été bien plus en sécurité si elle avait pu porter une arme", s'est-elle défendue sur Twitter.
D'ailleurs, a affirmé Amelia Hamilton sur CBS, ces nouvelles versions des contes seraient davantage destinées aux enfants que les originaux. "Dans ma version, [Hansel et Gretel] vont simplement explorer les différentes parties de la forêt pour voir s'ils trouvent de quoi nourrir leur famille. C'est quand même un million de fois pire d'envoyer ses enfants mourir de faim seuls dans les bois", a encore expliqué l'auteure, qui travaille actuellement sur une nouvelle version des Trois Petits Cochons.
Pour les militants anti-armes, cette campagne de la NRA clairement destinée aux enfants ne passe pas. " Ne vous méprenez pas, ceci est une campagne marketing dégoûtante et moralement dépravée", a déclaré dans un communiqué Dan Gross, le président de la Brady Campaign to Prevent Gun Violence , la principale association anti-armes à feu et fervente opposante à la NRA.
"La NRA continue de s'abaisser encore plus bas dans l'espoir de mettre une arme dans les mains des plus jeunes Américains. Cette approche démontre à quelle point l'organisation désespère de vendre encore plus d'armes", a poursuivi Dan Gross, qui accuse le lobby pro-armes de "pervertir l'enfance" et de n'avoir "aucun égard pour les carnages qui se déroulent chaque jour".
Depuis le début de l'année 2016, au moins 52 enfants de moins de 18 ans se sont accidentellement blessés ou ont blessé qu'un d'autre avec une arme, rappelle le Washington Post.
Il y a quelques semaines, une mère de famille vivant en Floride et qui se vantait sur Facebook des capacités de son fils de 4 ans à tirer avec un fusil a été blessée accidentellement par ce dernier alors qu'elle était en train de conduire.
Plus tôt ce mois-ci, une mère de Floride qui se vantait sur Facebook que son fils de 4 ans, "se fait grimper le tir sur cible" a été blessé lorsque l'enfant a mis la main sur une arme à feu sur le siège arrière de son véhicule et lui a tiré dans le arrière. La mère fait face à une accusation de délit pour permettre un accès non supervisé mineur à une arme à feu. L'arme, achetée légalement, a été saisie par l'enfant sans que sa mère ne s'en rende compte. Blessée à la main, ses jours ne sont pas en danger.