Sachez-le : au Mexique, refuser de se faire tripoter en direct par un confrère peut vous valoir d'être licenciée. C'est ce qui est arrivée à Tania Reza. Employée de la chaîne de télévision mexicaine Televisa, cette dernière animait l'émission "A Toda Máquina" (À toute vapeur, en français) en compagnie d'Enrique Tovar lorsque ce dernier s'est mis à la harceler en direct.
Goguenard et très confiant, Enrique Tovar a commencé par tirer sur l'ourlet de la robe de Tania Reza avant de toucher à deux reprises son décolleté. Cette dernière, de plus en plus gênée et absolument pas consentante, finit par s'énerver. Décrochant son micro, Tania Reza quitte le plateau en déclarant : "Je ne peux pas travailler comme ça". Et Enrique Tovar, décidément parfait gentleman, de commenter le départ de sa collègue : "Je suis désolé, je pense que ma partenaire est victime de ses hormones".
Là où une chaîne de télévision qui respecte ses employées aurait illico presto renvoyé le malotru, Televisa a, elle, eu une réaction déconcertante. Alors que le Conased, le Conseil national du Mexique pour la prévention de la discrimination a lancé une enquête contre Enrique Tovar pour harcèlement sexuel, Televisa a publié lundi 26 octobre un communiqué dans lequel elle affirme que la séquence de harcèlement dont a été victime Tania Reza a été orchestrée de toute pièce afin de "devenir virale".
Le même jour, une vidéo des deux animateurs est aussi publiée. Apparaissant complices, tous deux expliquent qu'il s'agissait d'une mise en scène destinée à faire le "buzz" et que non, non, Tania Reza n'en veut pas du tout à Enrique Tovar pour l'avoir touchée sans son consentement. Dans la foulée, les deux animateurs sont renvoyés par la direction.
Sauf que depuis, Tania Reza s'est rétractée. Sur son compte Facebook, l'animatrice s'est fendue d'un long post dans lequel elle explique que la chaîne l'a contrainte à corroborer sa version des faits pour couvrir Enrique Tovar.
Face à l'ampleur prise par son témoignage – qui a récolté plus de 15 000 "like" en quelques heures – et le lancement d'une pétition sur Change.org, Televisa n'a eu d'autre choix que de réembaucher Tania Reza... mais aussi Enrique Tovar, qui va devoir suivre une formation obligatoire sur le harcèlement sexuel.
Au Mexique, le sort réservé à Tania Reza, renvoyée pour avoir refusé de cautionner le comportement inapproprié de son collègue, a ému la classe politique. Interviewée sur la BBC dimanche 1er novembre, la sénatrice Angélica de la Peña a déclaré avoir demandé au gouvernement de lancer une enquête officielle.
"La chaîne refuse de reconnaître qu'il existe des cas d'intimidation et de harcèlement sexuel parmi ses employés, a déclaré Peña, qui est par ailleurs présidente de la Commission des Droits de l'Homme du Sénat. Cette affaire est révélatrice de la violence à laquelle les femmes doivent faire face au Mexique."