Marc Levy : Je savais que « Howl » [poème d'Allen Ginsberg publié en 1956 par Lawrence Ferlinghetti, pierre d’angle de la littérature beatnik, qualifié d’« obscène », il fera l’objet d’un procès retentissant ndlr.] avait été l’étincelle qui avait enflammé la jeunesse américaine. Cette jeunesse va pratiquement prendre le pouvoir, c’est quand même à elle que l’on doit, 40 ans plus tard, le premier président américain qui est un homme de couleur, c’est à cette jeunesse que l’on doit les mouvements de libération de la femme, c’est à cette jeunesse que l’on doit la fin du régime de l’apartheid, et c’est à cette jeunesse que l’on doit la fin de la guerre du Viêt Nam et de la politique colonialiste, impérialiste américaine. La phrase que j’avais en tête au moment de commencer ce roman c’est : « Qui aurait pu penser que ce poème serait l’étincelle qui allait enflammer l’Amérique ? »
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M. L. : Milly c’est toutes ces jeunes filles qui sont nées dans la liberté et la démocratie et qui du coup à 30 ans ne savent pas ce que c’est parce que c’est leur milieu ambiant. Agatha, elle, est née de plusieurs rencontres que j’ai faites dont une vraie Agatha… et vous n’en saurez pas plus parce que les crimes ne sont pas proscris ! [Le personnage d’Agatha a passé 30 ans en prison pour un attentat politique ndlr.]
M. L. : Oui, ça m’inquiète. Aujourd’hui, quelle que soit la liseuse sur laquelle vous lisez un livre, votre lecture est fliquée, la liseuse renvoie des informations sur les mots que vous avez surlignés, les citations que vous avez soulignées, les auteurs que vous lisez, votre profil de lecture. La France n’a aucun pouvoir sur ça, en revanche, si l’Europe impose des lois très strictes aux multinationales pour le respect de la vie privée des gens, demain on sera de nouveau libres.
M. L. : C’était partir découvrir le monde et bouter hors du paysage la tribu des « pas possible ». Je vous raconte une anecdote : Igor Bogdanoff, dans ma jeunesse, présentait une émission sur la chaîne publique qui s’appelait « Temps X » et un jour il a dit : « Dans quelques années, nous aurons tous dans notre poche des téléphones de la taille d’un paquet de cigarettes qui nous permettront d’appeler partout dans le monde ». Il a eu un appel du ministre des Télécommunications qui lui a dit : « Monsieur Bogdanoff, j’aime beaucoup votre émission, mais vous êtes sur une chaîne publique, vous ne pouvez pas dire n’importe quoi. » Cinq ans après, le téléphone portable était inventé. Dans ma jeunesse, on ne rencontrait que des « pas possible ».
M. L. : Toutes celles par lesquelles passent Milly et Agatha. Elles existent toutes. Le Blue Swallow Motel de Poopsie Gallena, l’étoile géante de Roanoke, les grottes de Luray, le Bed&Breakfast de Vera. Il y a plein de gens dont je parle dans mon roman et qui existent vraiment aussi comme le couple qui invite toutes les semaines un sans-abri à dîner.
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M. L. : J’aurais adoré mais non ! Vous savez, cette voiture c’est même pas une voiture chère, c’était une voiture très populaire mais on n’en trouve plus. Ma voiture à moi ? Une coccinelle cabriolet de 1964.
M. L. : Ça dépend de l’heure de la journée. Au coucher du soleil, écouter un peu de Glenn Gould c’est pas mal et du Miles Davis la nuit sur la route…
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