A celles et ceux qui ont toujours rêvé de tracer la route à vélo et de voir défiler d'extraordinaires paysages l'espace de plusieurs semaines : c'est possible. Même quand on débute, même avec des enfants. La preuve, Céline Dubourg Treussier et Vincent Treussier, parents d'Emile, 2 ans, et Fernand, 4 ans, l'ont fait.
Un matin, après quelque temps de préparation, ils ont enfourché leur bicyclette et sont partis d'Annecy, dans les Alpes, jusqu'au Japon. En tout, leur périple a duré un peu moins d'un an et demi. 500 jours, exactement, comme le souligne le titre de leur livre, sorti le 15 avril dernier aux éditions de la Martinière.
500 jours à vélo : En famille à travers l'Europe et l'Asie raconte ainsi la magnifique aventure qu'ils ont entreprise, sillonnant 18 pays, consommant 13 000 km d'asphalte, de chemins, de ruelles, de champs. Un récit passionnant illustré d'images saisissantes capturées par leurs soins, un ouvrage qui transporte, s'offre, se feuillette avidement et surtout, donne des idées.
A l'heure où l'on a sérieusement envie de vivre autrement, les vacances aussi, figurent sur la liste de ce qu'on aimerait changer. On veut prendre le temps de profiter, de découvrir petit à petit la région dans laquelle on se trouve, et limiter un maximum notre emprunte carbone. Appliquer les principes du slow travel, en somme. Une façon plus respectueuse d'appréhender nos voyages que la famille de cyclistes semble, elle aussi, souhaiter encourager.
"Le vélo est un mode de transport lent mais qui permet, malgré tout, de couvrir des distances importantes", nous affirment-ils. "Dans tous les pays que nous avons traversés, nos vélos ont été un moyen incroyable de rencontrer des gens et de discuter car c'est un fabuleux prétexte. Ils nous ont permis de passer par des endroits inaccessibles en voiture et de découvrir des bivouacs de rêve. Nous sommes à l'air libre, nous pouvons aller quasiment partout."
Et de poursuivre : "Nous étions considérés comme des 'aventuriers' et non plus des 'touristes', ce qui nous a ouvert beaucoup de portes et permis d'échanger avec les populations locales. Aujourd'hui, nous ne nous imaginons pas voyager autrement qu'à vélo pour découvrir un pays !"
Afin de permettre au plus grand nombre de les imiter cet été, même sur une durée largement réduite, ils nous livrent quelques conseils pratiques à appliquer avant et pendant une expédition à coups de pédale. Suivez les guides.
Avant toute chose, il est important de rester lucide. Si on se lance sans être un·e pro de la discipline, qui plus est avec des enfants, c'est tout à notre honneur, mais mieux vaut ne pas tenter l'ascension du Mont-Blanc, du Ventoux, voire d'une colline à la dénivelée plus importante que notre corps (et le leur) peuvent endurer.
Céline et Vincent - qui en savent quelque chose puisqu'ils étaient eux-mêmes novices lors du départ - avisent ainsi d'établir un programme en pleine conscience de ses moyens physiques. C'est-à-dire, de ne pas mettre la barre trop haut niveau difficultés, de "ne pas prévoir d'étapes trop longues, [en calibrant] son parcours afin de pouvoir profiter des environs et du bivouac en toute sérénité", et enfin, de se référer aux différents climats des régions que l'on visitera.
"Nous avons organisé notre [itinéraire] en suivant les saisons afin d'éviter au maximum des conditions climatiques difficiles", expliquent-ils. "Il nous semble donc important pour des débutants de bien prendre en compte ce paramètre afin de ne pas se dégouter trop rapidement, car il est difficile de rouler lorsqu'il fait trop froid ou trop chaud ou quand c'est la mousson !"
Peut-être le point le plus important : le matériel à emporter. "Pour un voyage au long cours, il est important de pouvoir avoir confiance en son matériel", insistent les aventuriers. Mais pour un tour de quelques jours, ce n'est pas bien différent, l'équipement fait aussi toute la différence. Alors, où se renseigner selon son budget et ses ambitions ? Sur des sites et forums spécialisés, répondent-ils. C'est en tout cas là où ils ont glané les informations qui leur ont permis de "très bien anticiper [leur] périple", et de tenir la distance.
"Si nous ne devions retenir que deux conseils, c'est celui de partir avec un sac étanche afin d'y ranger la chambre de la tente lorsqu'il pleut. Cela permet de ne pas la tremper et de ne pas laisser la moisissure s'installer. Côté vélo, partir avec du fil de fer et du ruban adhésif est indispensable pour les réparations en tout genre qui surviennent lors d'un voyage". Et puis, listent-ils, "la base en cas de pépin : kit rustines, chambre à air de rechange, kit multi-outils, patte de dérailleur, éventuellement une chaîne, kit purge de freins, rayons de secours..."
Pour ce qui est de la fin de journée, du moment où l'on plante la tente si camping il y a, ils ajoutent quelques recommandations pratiques. "Notre couteau pierre à feu a aussi été très utile lors de nos nombreux bivouacs. Autre objet indispensable, la pince à tique que l'on trouve dans toutes les pharmacies, une corde à linge et des pinces (que nous accrochions à notre carriole pour sécher nos affaires de la veille)."
"L'équilibre permet une bonne conduite et une optimisation de son rendement", informent les deux auteurs. Pour ce faire, on fait donc attention à ne pas charger un côté plus que l'autre, et d'autant plus quand on ajoute au véhicule un siège enfant, ou une petite remorque destinée à accueillir les plus jeunes.
Autre technique plébiscitée par Céline Dubourg Treussier et Vincent Treussier : penser à s'organiser autant que possible, pour gagner de précieuses minutes et une énergie non négligeable. Ça passe notamment par "indiquer le contenu sur les sacoches (initiales/codes divers)", ce qui "évite de passer son temps à chercher ce dont on a besoin et permet de les accrocher toujours au même endroit".
Quelques astuces qui facilitent clairement la tâche au quotidien, et empêche de s'épuiser à chercher ses affaires à tout bout de champ.
Prochain conseil, et pas des moindres : savoir se comporter au milieu du trafic. "Comme tout usager de la route, il est important d'en respecter le code", prévient Vincent Treussier. "Céline étant en queue de 'convoi', elle avait ajouté un drapeau de signalisation à l'arrière de son vélo pour obliger les automobilistes à respecter la distance de sécurité lors d'un dépassement. Par ailleurs, lors de la traversée des nombreux tunnels au Japon, nous nous équipions de lumières supplémentaires et clignotantes afin d'être suffisamment visibles."
Selon la destination, on révise donc les bases routières locales. Et on s'équipe (on y revient) en fonction de ce qu'on sait en amont des routes sur place - qu'il s'agisse des virages serrés des Alpes ou du littoral exigu de certaines parties de la Côte d'Azur, pour celles et ceux qui désirent parcourir la France.
La famille rassure également les inquiet·e·s par son expérience positive de cette (très longue) escapade en terres pas forcément connues : "Pendant toute la durée de notre aventure, nous n'avons rencontré aucun problème particulier. Il faut bien évidemment être vigilant sur la route et éventuellement se méfier des chiens qui parfois sont impressionnants mais rarement agressifs. Après, c'est une question très personnelle et cela dépend des angoisses ou 'zone de crispation' de chacun".
Le but est de vivre des moments inoubliables, de découvrir des coins qui nous seraient peut-être passés sous le nez autrement, et de revenir chez soi des images plein la tête. L'idéal, avant le jour-j, est donc d'adopter un état d'esprit en ligne avec cette volonté d'évasion, d'apprentissage et de lâcher-prise.
"Partir serein, c'est beaucoup plus facile que ce qu'on pense !", incite le duo. Et comme un credo qu'ils ont certainement suivi tout au long de leur expédition, ils avisent d'abord les intéressé·e·s de "pédaler, respirer et profiter des paysages". Tout un programme, qui ne manque pas de nous convaincre.
500 jours à vélo : En famille à travers l'Europe et l'Asie, de Céline Dubourg Treussier et Vincent Treussier, éd. de la Martinière, 256 p. 29,90 euros