"I was 7", "I was 19", "I was 17"... #Iwas ("J'avais"), c'est un mot-clé déjà viral propagé depuis les Etats-Unis sur Twitter ces dernières heures. Celles qui l'affichent courageusement viennent témoigner du viol - ou des viols - qu'elles ont subi, bien souvent sans que leurs agresseurs ne soient condamnés. Il y a quelques années, durant leur adolescence, ou même leur enfance. Au fil des publications anonymes, écoeurement et indignation s'entremêlent.
"J'avais 14 ans quand mon cousin de 29 ans m'a violé dans la nuit du 24 au 25 décembre". "Je sais pas du tout pourquoi je fais ça, sans doute parce que je vois que beaucoup de gens le font et que ça a l'air de les libérer, donc je me lance : on a abusé de moi à plusieurs reprises". "J'avais seulement six ans. J'étais au centre de loisirs et c'était un animateur. Il m'a emmené aux toilettes". "J'avais 13 ans quand on m'a attouchée dans les transports, ma mère était cinq minutes plus loin mais j'avais tellement peur et tellement honte que j'ai jamais osé lui dire". "J'ai si peur de briser ma famille en en parlant"... Tous ces récits intimes sont édifiants.
Et les lire est nécessaire. "Les gens se rendent pas forcément compte des traumatismes que vivent les victimes de viols, attouchements, agressions sexuelles... Ça reste marqué à jamais, on apprend à vivre avec, on se tait non pas parce qu'on ne veut pas mais parce qu'on arrive pas à en parler", s'attriste à juste titre une internaute, saluant la force de celles qui témoignent, mais aussi de celles qui ne témoignent pas.
Non contents de permettre une libération de la parole forcément douloureuse, ces posts constituent une répartie salvatrice face à la culture du viol et au "victim blaming" trop prégnants en France. A savoir, ces préjugés qui font peser la culpabilité sur l'agressée et non l'agresseur, à grands coups de remarques sur la tenue, le physique et l'attitude des femmes.
Une internaute le clame haut et fort l'espace d'un post abondamment relayé : "Toutes celles et ceux qui ont été victimes d'attouchements sans leur consentement, donc de viol : vous n'êtes jamais responsables. Ce n'est pas de votre faute. Vous n'avez rien fait pour mériter ça. Soyez fiers de qui vous êtes devenus ! Nous, on est fières de vous". Il est grand temps d'en finir avec le "elle l'a bien cherché".
Et les témoignages de se poursuivre : "J'avais 17 ans, mais jamais au grand jamais j'arriverai à parler de ça publiquement", "J'en avais six. C'était mon oncle, il me faisait des cadeaux pour que je n'en parle pas. J'ai enfoui cela très profond en moi au point de 'l'oublier'. Puis à mes 22 ans j'ai commencé à m'en rappeler petit à petit. Au point d'en faire des cauchemars la nuit", "J'avais quatre ans, c'était mon cousin. J'ai mis longtemps à en parler, pour qu'au final ma mère m'a dit que les faits s'étaient déroulés il y a longtemps et continue de l'inviter a Noël"...
Des paroles qui suscitent la sororité. "Le #Iwas nous permet de nous rappeler un concept essentiel que visiblement certains ici n'ont pas encore compris : 'non' = non. 'Peut-être' = non. 'Silence' = non. 'Oui', puis change d'avis = non. 'Oui' avec alcool/drogue = non. La tenue et la réputation ne justifient pas le viol", écrit en retour une internaute. Une piqûre de rappel primordiale face à ces nombreux traumatismes relayés.