Plus de 9 sur 10. C'est le nombre de jeunes filles et femmes qui attestent avoir déjà subi des violences conjugales. Voilà le chiffre considérable révélé par une enquête méticuleuse menée en novembre dernier par la newsletter féministe Les Petites Glo en partenariat avec l'association En avant toute(s) auprès d'un échantillon de 3 127 personnes âgées entre 12 et 24 ans. 90,3% des filles et jeunes femmes ayant été en couple ont répondu "oui" à au moins une des nombreuses questions du sondage dédié à l'expérience des violences - physiques, psychologiques.
Une enquête qui met l'accent sur de nombreux points. Par exemple ? Près d'une sondée hétérosexuelle sur deux dit avoir déjà été traité·e de "pute", de "con·ne" ou de toute autre insulte au cours d'une relation. "Bien souvent banalisés et cachés derrière la légèreté de l'humour, ces abus verbaux posent une relation de dominance disproportionnée pouvant déboucher sur des situations de violences conjugales physiques", souligne l'étude.
46% des filles et femmes hétérosexuelles interrogées disent avoir déjà été rabaissées au cours d'une relation par des attitudes ou des phrases méprisantes. Plus d'une sondée sur deux s'est déjà sentie obligée d'avoir des relations sexuelles ou d'effectuer des pratiques sexuelles par peur que son partenaire la quitte ou qu'il ne l'aime plus. Mais ce n'est pas tout.
Plus de six hétérosexuelles sur dix ont déjà caché ou minimisé leurs problèmes de couple par peur que les autres "voient leur partenaire différemment", et c'est aussi le cas des 58% des personnes homosexuelles interrogées dans le cadre du sondage. Plus de 4 femmes hétérosexuelles sur 10 ont déjà eu peur que leur partenaire révèle des choses intimes à leurs ami·e·s, que ce soit dans leur vie scolaire, universitaire, professionnelle ou sur les réseaux sociaux.
Plus encore, plus de 3 femmes hétérosexuelles sur 10 affirment avoir déjà eu peur de leur partenaire. C'est aussi le cas de 43% des filles et femmes s'identifiant comme bisexuelles ou pansexuelles.
On le devine, à travers ces données s'énoncent de nombreuses expériences : violences verbales et physiques, peur de l'autre, autodépréciation, altération de la personnalité, manipulation psychologique... En somme, des éléments relatifs au phénomène d'emprise. Une situation qui commence donc aux plus jeunes âges, dès l'adolescence, et où s'exprimer devient clairement difficile. Cependant, 62% des filles et femmes interrogées ayant subies des violences conjugales sont quand même parvenues à en parler à quelqu'un, et parmi elles, 90% en ont parlé à un·e ami·e, 34% à quelqu'un de leur famille. Et... 6% seulement à la police.
Autres données éloquentes s'il en est, 42,9% des personnes interrogées ayant subi des violences au sein de leur couple ont indiqué ne pas en avoir parlé "pour oublier cette histoire", 28 % "par peur des conséquences", et près de 24 % "par peur de ne pas être cru·e". D'où l'importance d'une telle enquête : faire résonner les voix de celles que l'on entend trop peu.