"Sois un homme". C'est le titre - en anglais - du spot de sensibilisation lancé La Maison des femmes à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Avec #BeAMan, la structure d'accueil pour les femmes vulnérables et victimes de violences délivre un film fort qui risque de sensibiliser bien des consciences - masculines, notamment. Tout du moins, on l'espère.
"Depuis qu'on est gamin on nous rabâche les mêmes conneries sur la virilité. Mais au fait, ça veut dire quoi être un homme, un vrai ? Moi je crois qu'un homme c'est celui qui se bouge face aux violences faites aux femmes", peut-on y entendre en guise d'introduction. Derrière ces paroles puissantes, la voix de l'athlète Cédric Doumbé, neuf fois champion du monde de kickboxing.
Une personnalité emblématique pour dire le fléau des violences faites aux femmes en France - et surtout, de leur banalisation. L'idée ? Evoquer ce phénomène, mais aussi et avant tout ce qui demeure indissociable de cette violence : la masculinité toxique, les stéréotypes et préjugés inculqués aux garçons et aux hommes, et par-là même "le modèle traditionnel de la virilité" tel qu'il est normalisé, comme l'indique la Maison des Femmes.
A travers cette mise en avant d'une parole masculine sans cesse questionnée, une conviction : "Le combat contre les violences faites aux femmes doit inclure les hommes", explique Ghada Hatem, gynécologue et fondatrice de la Maison des femmes de Saint-Denis. "Nous [les hommes] pouvons tous faire partie de la solution, moi le premier", assure par ailleurs à l'unisson le champion de kickboxing. Une véritable campagne féministe donc.
Et qui dénote par la sobriété de sa forme : sur un fond visuel noir et sans la moindre plage musicale, les visages d'hommes anonymes défilent et avec eux les différentes générations qu'ils représentent. Avec, comme fil conducteur, une même interpellation saisissante. "Si les violences faites aux femmes se terminent parfois sous les coups d'un autre, elles commencent toujours par notre indifférence", affirme en ce sens Cédric Doumbé.
Et le champion d'évoquer les divers visages de la passivité face aux violences sexistes, de la complaisance face aux "blagues" déplacées du patron à l'échange de nudes sans le consentement de la principale concernée. Des énoncés qui s'achèvent par une introspection. "Et moi, quand je me cache derrière l'idée que les violences ce sont les autres, et que je n'ai rien à me reprocher, est-ce que là je suis un homme, un vrai ?", s'interroge le narrateur.
"On est peut-être pas tous coupables, mais on est tous responsables", achève ce dernier à juste titre. Un discours d'une grande pertinence qu'il ferait bon d'écouter, de réécouter. Et de partager, massivement.