"Lundi 19 janvier, le Sénat a voté l'interdiction du port du voile lors des compétitions sportives. Concrètement, ça va contraindre des centaines de jeunes femmes, comme nous, à abandonner leurs passions et leurs rêves", déplorent sur Instagram les Hijabeuses, collectif de jeunes sportives portant le voile qui se bat contre une proposition qu'elles jugent "discriminatoire" et qui "les vise simplement pour ce qu'[elles sont] !" Mais aussi, contre une décision adoptée par la FFF (Fédération française de football) depuis déjà plusieurs mois.
Elles assurent toutefois qu'il reste "encore une chance de faire annuler cet amendement". "Lundi 31 janvier, à 17h30, le texte sera de nouveau débattu par un petit groupe de sénateurs et de députés", précisent-elles. Et de lancer un appel à la mobilisation.
Leur stratégie : inciter à signer une pétition, à contacter les élus et à "faire du bruit" sur les réseaux sociaux sous les hashtags #LaissezNousJouer et #LetUsPlay. Ou quand l'activisme digital fait réellement bouger les lignes.
"On a moins de 48 heures pour leur demander de ne pas [le] valider et de nous laisser jouer", lancent-elles. Car c'est bien de cela dont cette protestation s'agit : "Nous, on veut juste jouer au football, nous ne sommes pas des millitants pro-hijab", lâche la présidente des Hijabeuses à l'AFP. Et ce, telles qu'elles sont. Un combat contre des pratiques bien archaïques mais qui perdurent tristement, celles de vouloir dicter aux femmes ce qu'elles doivent ou non porter.
Cet amendement proposé par le groupe LR a été voté par les parlementaires contre l'avis du gouvernement. Auprès de l'AFP, Founé Diawara, une autre membre du collectif soutenu par Alliance Citoyenne, explique en outre : "On ressent tout cela comme une grande injustice. Il y a ce sentiment d'être exclues et c'est quelque chose qu'on ressent profondément".
Un sentiment d'autant plus présent que la FIFA, la Fédération mondiale de foot, autorise de son côté le hijab dans les compétitions internationales depuis 2014, rappelle Le HuffPost. En France en revanche, le principe de neutralité de la loi française interdit le foulard aux employé·es. Pour ce qui est des licencié·es, "elle est plus floue". Et c'est justement dans cette "zone grise" que s'est engouffrée la FFF pour instaurer cette mesure. Alors, en novembre 2021, les sportives ont saisi le Conseil d'Etat.
Pour Me Marion Ogier, l'avocate qui défend Les Hijabeuses, "le principe de neutralité porte atteinte à la liberté de culte, un droit fondamental". "Limiter un droit fondamental ne peut se faire que si l'on montre qu'il y a un trouble", ajoute-t-elle auprès de l'agence de presse. "Or la FFF ne justifie d'aucun trouble, elle considère que le principe de neutralité doit s'appliquer partout. Seul le législateur a le pouvoir de prendre une telle décision."
Réponse ce lundi 31 janvier à 17h30.