À bien des égards, les collègues paresseux sont considérés comme la plaie de l'open space. Toujours en retard et prompts à inventer des excuses fumeuses pour en faire le moins possible, ils excellent dans l'exercice qui consiste à faire semblant d'être très occupés alors qu'il n'en est rien.
Considérés par leurs collaborateurs comme fainéants et inutiles, ils ont pourtant leur utilité dans la machine bien rodée du travail en entreprise. C'est ce que révèle une étude publiée en février par la revue américaine Nature.
Menée sous la direction d'Eisuke Hasegawa, professeur d'agriculture à l'Université de Hokkaido, au Japon, elle établit un parallèle entre les colonies de fourmis et les salariés d'une entreprise. Car tous deux se ressemblent bien plus qu'on pourrait le penser : comme dans une grande boîte, il y a les bons éléments, qui travaillent vite et bien. Et puis il y a ceux qui en font moins, font mine de travailler alors qu'en réalité, ils passent leur temps à se la couler douce.
Ce sont à ces derniers que ce sont intéressés les chercheurs. D'après Eisuke Hasegawa, les collègues paresseux, tout comme les fourmis, ont leur utilité dans le groupe en participant à la bonne marche de l'entreprise et en impulsant une dynamique de productivité.
"Entre 20 et 30% des fourmis ne font rien de ce qui entre dans la catégorie 'travail'", explique le scientifique. Pour autant, leur production est tout aussi précieuse que celle des bourreaux de travail, qui courent partout dans la fourmilière en essayant de tout faire.
En apparence inutiles à la vie de la colonie, les fourmis paresseuses contribuent en réalité à la viabilité à long terme de la colonie parce qu'elles constituent une "main-d'oeuvre de réserve" pour remplacer au pied levé et quand cela est nécessaire les fourmis laborieuses et exténuées.
"À court terme, les fourmis paresseux sont inefficaces, mais à long terme, elles ne sont pas", explique Eisuke Hasegawa. Il en est exactement de même dans le monde du travail, poursuit le chercheur, qui voit dans l'inefficacité de certains une "alimentation de secours ou une chaîne d'usine de rechange".
Tâchez de vous en souvenir la prochaine fois que vous aurez envie de râler contre votre collègue qui passe son temps sur Facebook et bidouille ses feuilles de temps.