En Chine et à Hong Kong, les femmes sont submergées par les publicités de crèmes présentant des mannequins à la peau soit-disant ultra-hydratée, ultra-parfaite mais aussi ultra-blanche (de manière assez irréaliste la plupart du temps). Avoir la peau bronzée vous assimilera à une paysanne travaillant à l'extérieur.
Sur sa page d'accueil vendredi 15 février, Zara Chine a mis en ligne la photo d'une des mannequins les plus connues en Chine : Jing Wen. A 25 ans, cette femme a une beauté atypique pour les standards chinois puisqu'elle a des taches de rousseur. Pour Zara, elle fait la promotion d'une gamme de rouges à lèvres.
Sauf que cela n'a pas plu à certains detracteurs·trices qui accusent Zara d'insulter la Chine avec ces taches de rousseur. Selon le New York Times qui rapporte l'histoire, le mot clef "insulte à la Chine " est ainsi devenu très partagé sur le réseau social chinois Sina Weibo, équivalent de Twitter, très populaire.
Dans des messages récupérés par CNN, des internautes écrivent leur consternation, comme Moshiwuchang : "Après avoir vu cette publicité, j'ai décidé que je n'achèterai aucun produit de Zara non pas parce que je pense que le modèle est laid, mais parce que vous faites preuve de discrimination à l'égard des Asiatiques pour leur vision de la beauté".
EvelynYoung_23 écrit : "Je suis désolée, nous les femmes asiatiques n'avons pas de taches de rousseur. Même si nous en avons, c'est un petit nombre de personnes... Vous avez dû faire de gros efforts pour trouver un tel mannequin."
deux jours plus tard, le mot "Zara" est même devenu le sujet le plus discuté de la plateforme comme le rapporte le China Daily. Il aura été lu plus de 460 millions de fois.
Dans un édito publié dans le China Daily, un journaliste parle de la confiance en soi chinoise : "Il est compréhensible que ceux qui se plaignent de la nouvelle publicité de Zara puissent le faire pour éviter que l'image de la nation ne soit affectée. Cependant, leurs actes montrent une trop grande sensibilité et un manque de confiance culturelle [...] Ce n'est que lorsque nous apprendrons à nous tolérer les uns les autres sur le plan esthétique que la confiance culturelle sera la propriété de tous."
Sous l'article du New York Times posté en ligne, des internautes ont réagi, portant une analyse différente, comme Liu Ruoyu : "C'est plus ou moins une insulte à la norme chinoise du 'blanc est beau' et des normes de beauté empruntes de colorisme [norme de beauté qui valorise les personnes au teint clair]. Certains Chinois devraient vraiment commencer à reconsidérer la tendance à faire ces chirurgies plastiques des doubles paupières et des visages en forme de V comme une insulte à la Chine. Être original, c'est être beau. Cette fille est magnifique et les gens avec ces normes de beauté ridicules devraient la fermer."
A propos de ses taches de rousseur, la top Jing Wen déclarait en 2016 dans une interview à Vogue : "Quand j'étais petite, je les détestais vraiment parce que normalement les Asiatiques n'en ont pas. Au lycée, j'essayais toujours de les couvrir, mais maintenant c'est bon. Je les aime bien, et ça suffit."
En novembre 2018, une autre marque avait dû faire face aux foudres des consommateur·trices chinois·es. Dolce & Gabbana avait réalisé une publicité où l'on voyait une femme manger des plats italiens avec une voix off. Les détails de la publicité avaient été jugés racistes comme le décor stéréotypé ou des sous-titres problématiques. Les autorités chinoises avaient fait annuler leur défilé.