Un magazine américain relevait récemment que si un homme pouvait avoir une maîtresse, il n’y avait pas de mot équivalant pour les femmes. Elles peuvent toujours avoir un amant, mais le terme ne convient pas pour décrire une relation à long terme avec un homme qui n’est pas le mari et ce n’est certainement pas le terme de « maître » qui pourra convenir.
On parle beaucoup de voyeurs, sans trouver le terme de voyeuse nulle part. Pourtant, qui pourrait dire qu’en 2011 il n’existe pas de femmes aimant surprendre le corps nu d’un homme ?
On ne saurait non plus dire ce que fait le clitoris lorsqu’il est excité : parle-t-on de ce qu’il banderait ?
On a encore un peu de mal avec la prostitution masculine à destination des femmes : des prostitués ? On parle plus gentiment d’escort boy.
La liste est longue de mots qui n’existent pas pour décrire les nouvelles habitudes sexuelles, celles qui sortent des stéréotypes archaïques. À ne pas nommer certaines choses on diminue ainsi leur portée…
Mais il y a des mots qui manquent, comme il y a des mots de trop.
La folie des Cougars, qui s’était emparée de la presse il y a deux ans, montrait un vif empressement à donner un nom à ces femmes d’âge mur qui choisissent de jeunes amants. Mais existe-t-il un nom pour désigner la pratique ancestrale des hommes à prendre sur le tard une femme qui aurait à peine la moitié de leur âge ?
Ces disparités, qui ne sont pas dues à la différence des genres mais aux survivances culturelles des genres, peuvent prêter à sourire lorsqu’elles se traduisent dans les actes par des situations incongrues et léonines : une femme peut, et c’est heureux, se plaindre des violences conjugales de son mari, mais elle peut également le faire condamner lorsqu’il ne l’honore pas. C’est le cas d’un Niçois de 51 ans, qui a dû, récemment, payer 10.000 euros à son épouse. Car l’article 215 du code civil indique qu’ « en se mariant, deux personnes acceptent de partager leur vie, ce qui implique clairement d'avoir des relations sexuelles ». L'ex-mari avait justifié son manque de désir par des problèmes de santé et de fatigue.
Voilà une jurisprudence qui sèmera sans doute la confusion et l’agacement chez les hommes mariés : quand y a-t-il abus à vouloir faire l’amour à une femme qui ne le souhaite pas ? Car elle a les mêmes obligations que l’époux à avoir des relations sexuelles avec celui-ci. Quand y a-t-il abus à avoir trop souvent cette vilaine migraine qui freine les ébats ? Pendant que la justice se penchera sur la difficile manière de résoudre la question de cette nouvelle inéquitable, nous choisirons de nous réjouir d’une chose : les nombreuses femmes qui se plaignent d’être délaissées par leurs époux et qui dans 90% des cas n’arrivent pas à le prouver, pourront demander au législateur de faire bon ordre dans leur ménage et faire en sorte que leurs époux les honorent comme il se doit !
Voilà des mots qui ne sont pas de trop et des situations iniques qui pour une fois nous font sourire.
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