Mais comment la BBC va-t-elle réussir à mener son projet à bien ? C'est la question qui est sur toutes les lèvres en Grande-Bretagne, depuis que la chaîne a annoncé son intention de lancer un programme intitulé "Is this rape ?" (Est-ce que c'est un viol ?). La première édition de cette émission sera diffusée dès le 2 novembre prochain. Pourtant, son concept crée déjà la polémique outre-Manche. Il faut dire que ce que la production s'apprête à montrer à l'antenne n'a franchement rien d'anodin...
Pour alerter le public sur les ravages du viol, la chaîne BBC va demander aux téléspectateurs, ainsi qu'à un panel composé de 24 adolescents, de juger une scène de sexe fictive à l'antenne. Après avoir regardé un jeune couple sur le point de faire l'amour, ils devront se prononcer sur la nature dudit rapport et dire s'il s'agit là d'un viol ou d'une relation consentie.
Une initiative qui fait bondir les associations de défense des victimes, scandalisées par la démarche de la chaîne. Pour Katie Russell, porte-parole de Rape Crisis England & Wales, cela pourrait pousser les victimes de viols à se sentir encore moins considérées. Interrogée par le Sunday Express, elle explique :
"Si ce n'est pas bien dirigé, en particulier avec le vote ouvert au public, cela pourrait contrarier les survivants de viol et diminuer leur volonté de demander de l'aide".
Une inquiétude légitime, à laquelle la BBC s'est empressée de répondre, en arguant : "Sous-entendre que les téléspectateurs pourraient être mal informés, surtout sans avoir vu le programme, est trompeur. L'agression sexuelle est un vrai problème chez les jeunes. Nous traiterons le sujet avec beaucoup de sensibilité et répondrons à toutes les problématiques qu'il soulève".
Pour prouver sa bonne fois, la production annonce la présence d'un avocat spécialisé. Ce dernier devrait intervenir directement après le vote, afin de faire comprendre au public la différence légale entre un rapport consenti et un viol. Les équipes du programme inviteront également une victime d'agression sexuelle sur le plateau, dont une partie du témoignage a déjà commencé à filtrer dans la presse britannique :
"C'est l'une des choses les plus douloureuses à vivre. Des années de troubles émotionnels. Vous n'avez plus confiance en vous et vous ne faites plus confiance aux autres. Vous frémissez dès que quelqu'un s'approche de vous".
Pas certain que cette caution suffise à apaiser la colère des associations, qui seront sans aucun doute au rendez-vous de cette première diffusion sous haute tension...